L'aventure était condamnée à l'échec, adapter au théâtre l'œuvre de Proust ! Le brillant Christophe Honoré a bien sûr mesuré les dangers de l'entreprise. Alors qu'il a réussi à innerver ses propres pièces par une humeur vagabonde où s'entremêlent fantaisie, mélancolie et discordance des sexes dans un joyeux désordre, il a cette fois-ci opté pour le réalisme. Le spectacle commence par la chanson de Lady d'Arbanville, de Cat Stevens, hommage contemporain à la Duchesse de Germantes. Mais ce beau début s'étiole ensuite, la faute à des digressions et anachronismes divers. Faut-il avouer qu'on s'y ennuie un peu ? Les multiples évocations de l'affaire Dreyfus, cette volonté de plonger dans le politique, relèvent de l'artifice. Surtout, le lecteur a peine à retrouver ces moments où le sensible se fracture lors du choc avec l'ordinaire, l'indicible face à la vulgarité du monde, surtout lorsqu'elle s'incarne dans une noblesse sûre de ses privilèges, comme dans cette page bouleversante où Swann annonce sa fin prochaine aux Germantes. Le spectacle trouve toutefois son public grâce à de prodigieux numéros d'acteurs. Citons au hasard ou presque Serge Bagdassarian en baron de Charlus qui approche là du numéro d'anthologie.
Le Côté de Guermantes, d’après Marcel Proust, adaptation et mise en scène de Christophe Honoré, jusqu'au 14 mai 2023, Comédie Française Richelieu, durée du spectacle 2H30 environ sans entracte.
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