PRESIDENT DE la Conférence des doyens et chef du service de néphrologie du CHU de Clermont-Ferrand, le Pr Patrice Deteix dresse un bilan positif de la filiarisation introduite dans les études de médecine. « Cela s’est révélé être une très bonne chose pour la néphrologie. Avant, on "diplômait" chaque année entre 35 à 40 néphrologues, avec cette réforme, ce chiffre va bientôt passer à 80 », explique le Pr Deteix, en précisant que la Faculté de Clermont-Ferrand, dont il est le doyen, a deux nouveaux étudiants de troisième cycle chaque année en néphrologie. « Auparavant, il y en avait un tous les deux ans », indique-t-il, en se félicitant de cette hausse des effectifs. « C’est une évolution très positive qui va permettre à la spécialité de mieux faire face à l’augmentation dans les années à venir du nombre de patients rénaux chroniques, ainsi que des patients transplantés et dialysés ».
Le Pr Deteix fonde aussi de grands espoirs sur la réforme, toujours en discussion, du troisième cycle. « Notre souhait est d’obtenir un passage de quatre à cinq ans du diplôme d’études spécialisées (DES) de néphrologie : avec un internat de quatre ans et une période de mise en responsabilité de un an. Cette période s’adresserait à des médecins seniors, enregistrés au conseil de l’Ordre, qui pourraient prendre des décisions diagnostiques et thérapeutiques en pleine responsabilité mais dans un "milieu protégé", c’est-à-dire en étant entourés de médecins plus expérimentés et pouvant les épauler et les conseiller », indique le Pr Deteix, en précisant que cette période de mise en responsabilité est aussi une demande des internes.
S’il est adopté, ce passage de quatre à cinq ans du DES de néphrologie rapprocherait la France des cursus de formation existant déjà dans plusieurs pays européens. « Cela permettrait aussi à la néphrologie de s’aligner sur les demandes d’autres spécialités médicales telles que la cardiologie, la gastro-entérologie ou l’endocrinologie », indique le Pr Deteix.
Cette réforme, dont il faut encore parler au conditionnel, se ferait sans toucher, ou alors à la marge, aux 3 600 postes actuels de chefs de clinique. « Cela permettrait surtout de sortir des ambiguïtés actuelles du système. Aujourd’hui, les postes d’assistants chefs de clinique permettent d’accueillir des médecins qui souhaitent seulement avoir une formation clinique plus longue mais aussi des collègues qui souhaitent s’orienter vers l’enseignement et la recherche sur un poste hospitalo-universitaire. L’avantage de la réforme serait de clarifier les choses. Après cette période de mise en responsabilité, certains néphrologues pourraient s’installer en milieu hospitalier, dans le privé ou dans le public. Seuls les collègues, réellement intéressés par l’enseignement et la recherche s’engageraient pour un temps ou plus longtemps en vue d’une titularisation dans une carrière hospitalo-universitaire », conclut le Pr Deteix.
D’après un entretien avec le Pr Patrice Deteix, président de la conférence des doyens et chef du service de néphrologie du CHU de Clermont-Ferrand.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature