PAS VRAIMENT felouque et encore moins palace géant flottant, ce voilier aux deux mâts est sans doute l’occasion d’admirer autrement, entre amis ou en famille, les rives exceptionnelles du Nil bleu.
Entre Louxor et Assouan, l’équipage nubien assure à ses passagers un voyage sans énigme à la Agatha Christie, avec sans doute quelque cartouche à déchiffrer, c’est tout.
Les premiers temples visités, Louxor et Karnak, donnent le ton au voyage. Sur l’emplacement de l’ancienne Thèbes, les deux domaines d’Amon reliés autrefois par une allée de sphinx protecteurs longue de 3 km sont de toute beauté. Les rois s’y sont succédé, certains ont détruit les temples de leurs prédécesseurs pour construire les leurs, tel Aménophis III qui rasa ceux de Thoutmosis IV et de la reine Hatchepsout. S’il manque au temple de Louxor un obélisque bien connu des Parisiens, à Karnak, la statue de Ramsès II avec Néfertari à ses pieds est bien là, imposante de beauté.
Non loin, sur la corniche, fier et face au Nil, le très victorien Winter Palace est à sa manière un temple, une institution hôtelière où le roi Farouk avait ses quartiers.
Autre temple visité avant l’embarquement, celui d’Edfou, à 108 km au sud de Louxor. Dédié à Horus, le fils d’Osiris, son état de conservation est exceptionnel. Le faucon, l’impressionnant gardien du temple et protecteur de la monarchie pharaonique, veille encore et ses serres semblent toujours prêts à déchiqueter l’imprudent.
A contre-courant.
La découverte du Nil et de ses rives peut alors commencer. Les paysages désertiques, les palmeraies, les villages se succèdent. Paisiblement, et à contre-courant, le bateau remonte une partie du plus long fleuve du monde. A chaque escale, on peut très facilement imaginer la douceur de l’existence à l’ombre des palmiers, des manguiers, d’où émergent de verdoyants jardins, des chemins de terre qui offrent des idées de balades. Brusquement, c’est le désert, sans aucune transition entre verdure et sable. Une randonnée s’impose.
La vie est animée dans les villages des bords du Nil ; enfants qui jouent, femmes cuisant le pain, vaquant aux tâches ménagères ou hommes vêtus d’une gallabiyya palabrant devant leur maison de limon ou de brique crue.
Parfois, pour égayer la teinte grise du limon du Nil dont sont faits les murs des maisons, les fellahs les recouvrent de couleurs éclatantes (indigo, jaune, bleu ciel), peignent des scènes naïves de l’Ancienne Egypte, voire reproduisent différentes étapes de leur récent pèlerinage à La Mecque.
Le gamousse, buffle d’origine indienne, a depuis longtemps remplacé le boeuf de l’Ancienne Egypte, ce qui donne aux jardins irrigués, à s’y méprendre, un petit air de rizière d’Asie du Sud-Est.
Chaque coucher de soleil sur le Nil est un instant de plénitude. L’astre rougeoyant ne disparaît sous l’horizon qu’après avoir abondamment paré d’une lumière dorée temples, Nil et felouques.
De Louxor à Assouan, on vit avec le fleuve. Les rives offrent un spectacle d’une végétation tantôt radieuse et verdoyante, tantôt réduite à une bande étroite de verdure parsemée de palmiers et de maisons groupées près des mosquées.
L’art de la médecine.
La température clémente permet de déjeuner et de dîner sur le pont des mets préparés par le cuisinier, proposés sous forme de mezze : koubeba, homos, salades diverses, ainsi que de délicieux gâteaux au miel, accompagnés d’un karkadé, une infusion de pétales d’hibiscus.
Voyager dans la vallée du Nil à bord de ce sandal, c’est s’aventurer dans un univers de divinités omniprésentes… Comme à Kôm Ombo, cette acropole splendide au détour d’une courbe du fleuve, à la rencontre de Sobek (dieu-crocodile) et Horus. Situé à 45 km au nord d’Assouan, ce temple est peut-être l’un des plus romantiques d’Egypte. Plus de deux mille ans ne sont pas parvenus à altérer les couleurs de ses colonnes et de ses chapiteaux papyrus. Le mur du couloir extérieur, en arrière des naos (sanctuaires) et des différentes salles, porte des scènes empruntées à l’art de la médecine : une série d’instruments chirurgicaux, ainsi qu’une femme accouchant.
Puis le voilier continue de glisser et longe les carrières de Gebel el-Silsileh. Le spectacle est impressionnant. Aujourd’hui tranquille et peu visitée, la carrière de granit a vu se succéder durant des siècles nombre de tailleurs de pierre qui participèrent, entre autres, à l’approvisionnement du temple d’Edfou. Du bateau, l’on distingue des tombeaux troglodytes d’employés et de prêtres creusés à même le granit.
Le soir, des musiciens rencontrés dans un village, près de el-Silsileh, jouent et chantent pour nous et avec nous près du bateau.
Les marchés des villages nous livrent leurs odeurs d’épices – safran, feuilles de séné, coriandre, cumin. Des bouchers débitent leur viande, les couturiers sont devant leur machine à coudre, le dentiste et le coiffeur palabrent en attendant leurs prochaines victimes. Retour au bateau en pick-up coloré.
Des guides d’outre-tombe.
Le « Turquoise » couche ses mats pour passer sous le pont d’Assouan qui annonce la fin de la croisière.
Plus tard, amarré à l’île Eléphantine, face au célèbre Old Cataract cher à Hercule Poirot et l’un des derniers lieux de villégiature de François Mitterrand, la photo est belle.
A 5 km de ce bel archipel nubien, une île, en 1980, est devenue le nouvel écrin du sanctuaire d’Isis, Philae. Le temple où la déesse pleura son époux Osiris fut sauvé des eaux et déplacé à l’instar d’Abou Simbel par la seule volonté des hommes, au premier rang desquels Christiane Desroches-Noblecourt. Aujourd’hui sauvée, la cité nubienne, chère à l’infatigable Pierre Loti, se produit chaque soir pour un son et lumière.
Le voyage prend fin et le groupe d’apprentis marins regagne bientôt Louxor par la route. Un Louxor qui ne peut être quitté sans avoir rendu un dernier hommage à ses pharaons. En visitant la nécropole thébaine et sa Vallée des Rois. L’un des tombeaux les plus spectaculaires est certainement celui de Toutmosis III. Une impressionnante plongée à 45° au coeur de la montagne. Sur les parois polychromes du long couloir qui mène au sarcophage de quartzite rouge, les textes sacrés font office de véritable guide d’outre-tombe.
Imperturbables, les colosses de Memmon, gardiens de la nécropole, aujourd’hui seuls vestiges du grand temple funéraire d’Aménophis III, semblent nous remercier de notre visite.
Chaque matin, comme transperçant l’écharpe de brume, des montgolfières aux multiples couleurs s’élèvent en silence au-dessus de la montagne thébaine. Le jour se pare d’une lumière douce, une nouvelle journée de visite peut commencer.
Pour partir
TRANSPORT
– Egyptair propose un aller-retour Paris-Louxor (en vol direct) à partir de 510 euros (TTC) et 465 euros via Le Caire ; et un Paris-Hurghada : à partir de 465 euros via Le Caire. Tél. 01.44.94.85.33.
FORMALITES
– Passeport valable 6 mois après la date d’entrée.Visa obligatoire délivré à l’arrivée (Le Caire ou Louxor).
SANTÉ
Aucun vaccin exigé, mais il est prudent d’être à jour en ce qui concerne les vaccinations contre le tétanos et l’hépatite.
LANGUE
– L’arabe, le français et l’anglais.
MONNAIE
– Livre égyptienne. 1 euro = 6,99 livres EG environ.
SEJOURS
– Rives du Monde propose au départ de Paris un séjour-croisière Louxor-Assouan de 8 jours dont 5 à bord du sandal « Turquoise » (7 cabines + 3 salles d’eau) à partir de 1 000 euros en formule passagers regroupés (base de 8 personnes) et en formule groupe d’amis à partir de 900 euros (base 10 pers.) ou 1 150 euros (base 6 pers.) + 115 euros de taxes aériennes + 50 euros d’entrée (temples et nécropole thébaine).
RENSEIGNEMENTS
– Office de tourisme égyptien en France : 90, avenue des Champs-Elysées, 75008 Paris. Tél. 01.45.62.94.42/43, www.egypt.travel.
– Rives du Monde, 49, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 75005 Paris. Tél. 01.43.54.77.04 et www.rives-du-monde.com.
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