Échographie "point of care"

Le nouveau stéthoscope du XXIe siècle

Publié le 30/11/2015
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Plus de la moitié des échographies réalisées en réanimation sont des échographies cardiaques

Plus de la moitié des échographies réalisées en réanimation sont des échographies cardiaques
Crédit photo : PHANIE

Plus de la moitié des échographies réalisées en réanimation sont des échographies cardiaques

Plus de la moitié des échographies réalisées en réanimation sont des échographies cardiaques

L’échographie « point of care » a pour caractéristique d’être réalisée au lit du malade par le praticien qui l’a en charge et non par un intervenant extérieur, radiologue, cardiologue, etc. Elle a des applications à la fois dans l’échoguidage et le diagnostic.

En anesthésie-réanimation l’échoguidage est utilisé depuis plus de 10 ans pour sécuriser les gestes, ponctions, anesthésie locorégionale, abords vasculaires... Le guidage par échographie pour la pose des voies centrales et des cathéters artériels est préconisé depuis 2012 par les recommandations internationales et depuis 2014 par celles de la SFAR (1).

L’échographie « point of care » se développe dans toutes les spécialités et est très utilisée en anesthésie-réanimation.

ECHODAY, en réanimation

L’étude ECHODAY (2) a recensé toutes les échographies réalisées en 24 heures dans 141 centres de réanimation, afin d’évaluer leur utilisation et les conséquences en termes diagnostique et thérapeutique. « Son utilisation est très fréquente puisque 36 % des 1 900 patients étudiés ont eu au moins une échographie en 24 heures, 87 % à visée diagnostique et 13 % pour l’échoguidage », remarque Le Dr Laurent Zieleskiewicz. Si l’on réalise des échographies du corps entier, les organes le plus souvent concernés sont le cœur (51 %), le poumon (17 %) et le cerveau (16 %). L’étude souligne aussi que les échographies réalisées par les anesthésistes-réanimateurs ont un impact diagnostique et thérapeutique supérieur à celles réalisées par des intervenants extérieurs; dans 84 % des cas elles apportent une information diagnostique et dans 60 % des cas elles modifient la prise en charge. Ni ECHODAY, ni aucune autre étude dans la littérature n’ont pu mettre en évidence un impact sur la morbimortalité et des essais s’avèrent nécessaires. Autre conclusion de l’étude, si l’échoguidage est de pratique courante en anesthésie il n’est pas encore assez utilisé en réanimation ; dans ECHODAY, les praticiens y avaient recours pour 54 % des voies centrales et 13 % des cathéters artériels alors qu’il devrait être systématique. « Il serait intéressant de voir si la pratique a changé depuis les recommandations françaises de décembre 2014 », note le Dr Zieleskiewicz.

Dans la poche de la blouse

Les appareils d’échographie "point of care" sont de plus en plus autonomes, de moins en moins encombrants, et leur miniaturisation permet de les garder dans la poche d’une blouse. Leur maniement aisé permet de répondre à des questions cliniques au lit du malade : les sondes sont-elles en place, existe-t-il un épanchement, une hypovolémie, etc. « L’échographie devient le stéthoscope non seulement en anesthésie-réanimation mais aussi dans les autres services, en particulier aux urgences et nous devons continuer à former les praticiens et à réaliser des études sur son impact sur la morbimortalité », conclut Laurent Zieleskiewicz

D’après un entretien avec le Dr Laurent Zieleskiewicz, hôpital Nord, Marseille

(1) Zetlaoui PJ et al. Anesth Reanim. 2015 ;1:183–9

(2) Congrès SFAR 2015. Vol 1 - Supplément 1 - septembre 2015

Dr Maïa Bovard Gouffrant

Source : Bilan spécialiste