DÉVOILE à la profession fin décembre, le projet du ministère de la Santé d’intégrer au 31 janvier l’érythropoïétine (EPO) dans le prix de la séance de dialyse (appelé forfait dialyse) secoue le monde de la néphrologie. Sociétés savantes, cliniques spécialisées (FHP-Dialyse) et syndicat représentatif des 300 néphrologues libéraux en activité (SNL) dénoncent une « mesure comptable dangereuse » et un risque de restriction de l’accès à ce traitement.
En France, 35 000 patients âgés en moyenne de 71 ans sont dialysés pour cause d’insuffisance rénale chronique (au stade terminal). L’hormone EPO est administrée à 80 % de ces patients dialysés pour lutter contre l’anémie et diminuer les complications (notamment cardiaques).
Ce traitement est aujourd’hui pris en charge (via la liste en sus) en plus du prix de séance d’hémodialyse, elle-même facturée entre 200 et 300 euros (trois fois par semaine en centre). L’EPO coûte 26 euros en moyenne par séance. L’intégration de l’EPO (sans doute au rabais) dans le forfait global de séance reviendrait à faire « tomber » son financement dans le budget général des prestations hospitalières.
Liberté de prescription.
Unanimement, les néphrologues refusent ce projet. « Les établissements vont vouloir utiliser l’EPO la moins chère, en fonction des fluctuations des marchés pharmaceutiques », écrivent la Société francophone de dialyse et la Société de néphrologie, dans un courrier à Marisol Touraine.
Offensive, la branche dialyse de la Fédération de l’hospitalisation privée (120 établissements, 12 000 patients annuels) accuse le ministère de « pression économique », préjudiciable à la qualité de prise en charge. Les cliniques proposent la création d’un forfait « anémie » intégrant le sang, le fer et l’EPO, assurant à la fois la transparence des coûts, la maîtrise des dépenses et la qualité de vie des patients.
Affilié à la CSMF, le Syndicat des néphrologues libéraux (SNL) redoute que l’intégration de l’EPO dans le forfait dialyse entrave la liberté de prescription et restreigne l’accès à un traitement très utile « uniquement pour des raisons financières », tout en entraînant une augmentation du nombre de transfusions sanguines (comme aux États-Unis). De surcroît, met en garde le Dr Jean-Paul Ortiz, président du SNL, le fait de substituer l’EPO par des médicaments biosimilaires « pourrait s’avérer dangereux chez certains patients ». Quelque 1,7 à 2,5 millions de Français souffrent d’insuffisance rénale chronique, affection de longue durée en progression annuelle de 3 %.
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