En juillet 2014, les premiers résultats de NACORA-Switch semblaient indiquer que les anticoagulants oraux à action directe (NACO) ne présentent pas plus de risque d’hémorragie sévère, d’AVC ischémique, d’embolie ou d’infarctus du myocarde que les antivitamines K (AVK), chez les patients souffrant de fibrillation atriale non valvulaire. Dans un article paru dans le « Lancet Heamatology », le Dr kim Bouillon et ses collègues du pôle épidémiologie des produits de santé de l’ANSM confirment ces premières données après un suivi médian de 10 mois.
« Switchers » contre « non-switchers »
Les auteurs ont monté une cohorte de patients adultes souffrant de fibrillation atriale non valvulaire qui bénéficiait d’une prescription d’AVK entre le 1er janvier 2011 et le 30 novembre 2012. Ces patients ont été répartis entre deux catégories : les « switchers » qui ont changé de traitement pour un NACO (dabigatran ou rivaroxaban) et les « non-switchers » qui ont continué à prendre un AVK (fluindione, warfarine ou acénocoumarol). Les auteurs ont ainsi inclus les données de 17 410 patients, d’un âge médian de 75 ans, dont 6 705 « switchers » et 10 705 « non-switchers ». Chaque « switcher » a été comparé à un ou deux « non-switchers » ayant les mêmes caractéristiques. Après un suivi médian de 10 mois, il n’y avait pas de différence significative en termes de risque hémorragique entre les switchers et les non-switchers.
Même efficacité, même risque
Des saignements ont été relevés chez 1 % des switchers contre 2 % des non switchers. En analyse multivariée, les risques de saignement n’étaient pas significativement différents dans les deux groupes. « Il n’y avait pas non plus de différence significative en ce qui concerne le risque composite d’événements cardiovasculaires ischémiques, l’infarctus du myocarde et d’AVC », complète Mahmoud Zureik, chef du pôle épidémiologie des produits de santé de l’ANSM qui a dirigé l’étude. Pour cet épidémiologiste, ces résultats sont cohérents avec la littérature déjà publiée sur le sujet : « Les études randomisées contre placebo avaient déjà montré que les patients qui changeaient de traitement avaient un bénéfice similaire avant et après le changement en ce qui concerne le risque d’AVC. Ce qui nous manquait, c’était des données en vie réelle sur le risque de saignement », explique-t-il. Si les NACO présentent la même efficacité et le même profil de risque que les AVK, leur intérêt réside dans leur simplicité d’emploi puisqu’ils ne nécessitent pas la réalisation d’un L’INR (International Normalized Ratio) une fois par mois. Les experts de l’ANSM restent cependant prudents, et estiment qu’il faudra un suivi plus long pour confirmer ces données.
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