Rapport annuel de la Cour des comptes

Le Ségur, une occasion ratée pour une réforme structurelle des Ehpad

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Publié le 17/02/2022

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Avec près de 34 000 décès de résidents entre mars 2020 et mars 2021, les Ehpad ont été durement touchés par la crise sanitaire. Bien qu'ils étaient tous dotés d'un plan bleu, « aucun n'avait anticipé un tel choc et n'avait constitué des stocks d'équipements de protection individuelle suffisants », indiquent les rapporteurs dans leur volet consacré à la dépendance. Une mention satisfaisante est accordée par les Sages aux ARS [qui avaient été fortement critiquées pendant la crise], « guidées par un constant souci de protection des personnes âgées ». Et la Cour de rappeler les faiblesses du secteur : médicalisation insuffisante, taux de rotation élevé des personnels eux-mêmes fragilisés et en manque de formation, bâtiments inadaptés. Alors que les pouvoirs publics ont répondu par des revalorisations salariales dans le cadre de Ma Santé 2022 et du Ségur de la santé, les tensions demeurent selon la Cour. Certes, elle constate une meilleure insertion dans les réseaux de soins avec des nouveaux partenariats entre Ehpad et hôpitaux en voie de consolidation [l'HAD des patients domiciliés en Ehpad de 8,1 % en 2019 a augmenté de 69 % en 2020, avec près de 12 000 séjours] et une généralisation des hotlines gériatriques et de soins palliatifs afin de recueillir un avis multidisciplinaire avant chaque hospitalisation et sans avoir à passer par les urgences. Toutefois, malgré les enveloppes prévues pour l'investissement [pour 2022, l'objectif global de dépenses en faveur des personnes âgées est de 14,3 milliards d'euros, soit une hausse de 3,6 milliards (+33,6 %)], pointe la Cour, le modèle de réorganisation des Ehpad n'a pas été redéfini. Les Ehpad sont encore trop isolés et pas assez intégrés à des réseaux gériatriques. Des budgets prioritaires auraient pu être accordés par exemple aux établissements qui se seraient engagés dans des efforts de mutualisation. L'occasion aurait été belle surtout (voir affaire Orpea) de réformer le régime des autorisations pour que celles-ci deviennent fonctionnelles (et non plus organiques), c'est-à-dire adaptées au parcours du patient.


Source : lequotidiendumedecin.fr