L'allongement de la durée de vie explique l'augmentation du nombre de personnes dépendantes, qu'il s'agisse de personnes âgées ou handicapées, qui requièrent une prise en charge à la fois médicale et sociale. La reconversion de lits sanitaires en lits médico-sociaux constitue donc l'un des enjeux d'une prise en charge adaptée et de qualité pour une population croissante de patients.
Excédent de lits de court séjour et de psychiatrie d'un côté, déficit de places médico-sociales de l'autre : la reconversion de lits ne se résume pas à une simple addition-soustraction. C'est un problème à plusieurs équations, que le forum Geront Expo a permis d'aborder. La réforme hospitalière de juillet 1991, et surtout l'ordonnance d'avril 1996, ont rendu quasi obligatoire l'articulation entre les secteurs sanitaire et médico-social. En ont découlé un certain nombre de restructurations, notamment dans la discipline psychiatrique. Dans les établissements qui gèrent des secteurs de santé mentale, on trouve désormais des maisons d'accueil spécialisées, des foyers à double tarification ou des centres d'aide par le travail.
Qualité de vie
Face à ces restructurations, la direction générale de l'Action sociale (DGAS) en appelle à la vigilance des pouvoirs publics, afin d'éviter « des transformations fallacieuses, en trompe-l'il, dont le projet de vie, d'animation et de socialisation ne soit pas la pierre angulaire. Les reconversions hospitalières ne doivent, en aucun cas, être l'occasion de rentabiliser des pavillons d'hospitalisation en crise de recrutement et de changer la pancarte sanitaire en signalétique médico-sociale tout en conservant un fonctionnement asilaire ou à tout le moins hospitalocentré », avertit Jean-François Bauduret, conseiller technique à la DGAS. Thierry Varignon, directeur adjoint du centre hospitalier de Lannion-Trestel, chargé des structures médico-sociales, rappelle l'objectif des restructurations : « Améliorer la qualité de vie des sujets handicapés et soulager leur souffrance en maintenant une bonne qualité de soins (...). Il s'agit de prendre en compte la notion de qualité de vie en passant d'un projet de soin à un projet de vie. Ce qui implique de nouveaux projets, notamment d'animation et de socialisation, parfois de réinsertion en milieu ordinaire. »
De telles évolutions exigent que « les différents professionnels concernés soient en mesure de sortir de leur spécialité et de faire autre chose que ce pour quoi ils ont été initialement formés », souligne Marcel Jaeger, directeur de centre de formation de travailleurs sociaux à Montrouge. En découle une nécessaire réflexion sur les statuts, mais aussi sur les qualifications et les compétences. « Cela suppose de repenser les formations (...) dans la perspective d'une mise en réseau des intervenants, aux fins d'assurer les conditions nécessaires à un accueil respectueux des personnes. »
L'AP-HP impliquée
Responsable de la Mission handicap de l'AP-HP, le Dr Philippe Denormandie, participait au colloque consacré à la reconversion des lits sanitaires en lits médico-sociaux, sur le forum de Geront Expo.
« Face au manque de structures médico-sociales en Ile-de-France et à leurs difficultés en couverture sanitaire, qui retentissent sur la qualité de prise en charge des personnes handicapées, l'AP-HP est soucieuse de faciliter le développement du secteur médico-social. Dans cet objectif, nous apportons une aide à trois niveaux. Nous uvrons en faveur d'une meilleure couverture sanitaire des structures médico-sociales : un certain nombre de conventions-cadre ont ainsi été réalisées entre des hôpitaux et des structures médico-sociales. Nous les aidons également à identifier les besoins. Enfin, nous soutenons la création de structures médico-sociales, par la disposition d'emprises foncières notamment. Nous avons ainsi aidé à la création d'une structure attenante à l'hôpital Corentin-Celton (Hauts-de-Seine) destinée à la prise en charge de personnes cérébro-lésées avec troubles du comportement. Il s'agit d'utiliser au mieux la proximité de l'hôpital, la complémentarité des compétences, pour créer un environnement garantissant une prise en charge sans risque. Cette structure devrait ouvrir ses portes en 2004/2005. Trois projets similaires sont en cours, en partenariat avec les hôpitaux Raymond-Poincarré, Emile-Roux et Saint-Vincent-de-Paul. »
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