Si j'étais président...

Les candidats à l'élection présidentielle présentent leurs propositions pour l'hôpital

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Publié le 18/11/2021
Dans son dernier numéro consacré à l'hôpital, le journal L'Express a interrogé les candidats déclarés ou potentiels à l'élection présidentielle pour un état des lieux et une proposition afin de sortir l'hôpital du marasme. Présentation.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Dans l'entourage du président Macron, il est dit que si ce dernier était réélu, il proposerait d'« accentuer le Ségur en investissant plus dans le foncier et dans l'attractivité des métiers, accroître la numérisation de l'univers médical, renforcer la dimension psychologique dans les formations ». Et enfin Macron II mettrait en œuvre le projet de Grande Sécu mis sur la table par Olivier Véran, et issu du rapport du HCAAM (voir brève). Si par hasard un autre candidat était élu, quelles sont leurs propositions ? Chez Les Républicains, trois candidats ont été passés au grill.

Valérie Pécresse : favorable à des ARS dirigées par les Régions.

Valérie Pécresse souhaiterait former et recruter 25 000 soignants en plus sur son mandat. Elle lancerait un audit sur les investissements nécessaires. Elle veut alléger la bureaucratie et donner plus de libertés et de responsabilités aux médecins chefs de service. Les hôpitaux pourraient changer de statut et choisir le statut de fondation, à l'instar des CLCC. Autre réforme d'envergure, les Régions présideraient les ARS afin de renforcer la coopération entre les établissements. Côté financement, il faudrait selon elle que l'hôpital donne des engagements de qualité comme le raccourcissement des délais pour obtenir des RDV.

Xavier Bertrand : remettre les soignants au cœur de l'hôpital

Les ambitions de Xavier Bertrand qui bénéficie d'une expérience en tant que ministre de la Santé portent sur l'attractivité des métiers. Déplorant qu'un tiers des postes à l'hôpital sont administratifs contre un quart en Allemagne, il souhaite engager « un plan massif qui ne concerne pas seulement les salaires, mais aussi les conditions de travail, le logement, les perspectives de carrière, la validation de l'expérience et la reconnaissance due par la société ». Comme pour Valérie Pécresse, il réaffirme aussi le fait que la gouvernance de l'hôpital doive être davantage médicale. Mais il ne donne aucun chiffre.

Michel Barnier demande un choc d'attractivité

Comme Xavier Bertrand, Michel Barnier compare la situation française à l'Allemagne, tout en critiquant le fait que les salaires des soignants hexagonaux soient nettement inférieurs à ceux de nos voisins germaniques. Il propose de réduire les dépenses de cette « suradministration », d'investir dans le numérique, d'organiser de meilleures collaborations ville-hôpital. Pour atteindre ces objectifs, la baisse des dépenses dédiées permettra de lancer un grand plan de recrutements, de formations et d'investissements. Bref, le candidat LR souhaite créer « un choc d'attractivité » : hausse des salaires, paiement des heures supplémentaires, recrutement, l'investissement dans des équipements modernes, sans oublier de « prendre soin de nos internes, dont le rôle est décisif à l'hôpital ». Au passage, il tacle le gouvernement et reproche au Ségur « une formidable occasion manquée, une rustine qui ne s'est pas attaquée au problème de fond...»

Jean-Luc Mélenchon : 100 000 lits de plus sur 25 ans

À l'extrême gauche de l'échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon (LFI) met en avant la reconstruction dès maintenant. Il souhaite mettre fin au niveau fixe de dépenses imposé à l'hôpital et lui substituer un plan massif de recrutement de professionnels du soin et du médico-social via l'embauche de 100 000 infirmières, sans omettre de titulariser les emplois précaires. Pleins feux sur la revalorisation donc et aussi sur la formation dont il faudrait selon le candidat augmenter les moyens et les places. Le candidat prône aussi la fin de la tarification à l'activité et la réouverture de 100 000 lits en vingt-cinq ans. Et de rappeler la règle que « chaque Français dispose d'un service de santé public à moins de trente minutes de chez lui ».

Anne Hidalgo : former 15 000 médecins par an

Anne Hidalgo est également favorable à un plan massif de recrutement, mais rentre plus dans les détails que Mélenchon : 25 000 infirmiers et aides-soignantes supplémentaires, 15 000 médecins et 1 250 sages-femmes par an ainsi 5 000 logisticiens et techniciens qui viendraient épauler le travail des paramédicaux à l'hôpital.

Yannick Jadot : protéger l'environnement, c'est protéger la santé

Plan de recrutement et revalorisations salariales, fin de la tarification à l'acte figurent au programme du candidat EELV Yannick Jadot qui axe son programme sur l'offre de soins répartie en fonction des besoins des territoires. « L'organisation devra être définie par les médecins et les personnels soignants eux-mêmes », déclare-t-il, tout en revenant à sa proposition phare, la protection de l'environnement qui, si elle est réellement mise en œuvre, protégera la santé.

Marine Le Pen : créer des urgences gériatriques

La candidate du RN souhaite également un plan massif de recrutement et de formation à destination des services d'urgence hospitaliers. Pour cela, elle veut créer une filière distincte pour les plus âgés gérée par des spécialistes avec la création d'urgences gériatriques qui permettraient une prise en charge spécifique et adaptée de nos aînés en fonction de leurs pathologies. La candidate suggère aussi de systématiser l'adossement aux urgences de cabinets médicaux libéraux pour alléger la charge de ces dernières.

Eric Zemmour : débureaucratiser l'hôpital

Enfin, Eric Zemmour prend comme modèle l'hôpital de Valenciennes qui « expérimente depuis dix ans une gestion décentralisée avec seulement 5 % de personnel non médical, déléguant 80 % du budget aux chefs de pôle ». Ce modèle basé sur l'autonomie des médecins, avec une organisation plus souple fondée sur des pôles cliniques, devrait être décliné partout en France, selon Éric Zemmour. Il faut selon lui redéployer le personnel administratif des hôpitaux vers les soins

 


Source : lequotidiendumedecin.fr