Plus de 11 000 femmes suivies plus de 10 ans

Les fausses couches augmentent le risque d’infarctus

Publié le 06/12/2010
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LES ÉTUDES étaient discordantes. Certaines montraient une relation nette entre les fausses couches ou les avortements et le risque cardio-vasculaire, d’autre ne trouvaient rien. C’est pourquoi des médecins allemands, Elham Kharazmi et coll. (Heidelberg), ont cherché la vérité en jouant sur les grands nombres dans le cadre d’une étude prospective, la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Ils ont ainsi obtenu des données plus précises allant dans le sens d’un surrisque essentiellement d’infarctus du myocarde.

L’enquête a porté sur 11 518 femmes qui toutes avaient été enceintes. Parmi elles, 2 876 (25 %) avaient eu au moins une fausse couche, 2 053 (18 %) au moins un avortement et 209 (2 %) au moins en enfant mort-né. Au cours du suivi moyen de 10,8 ans, 82 infarctus ont été recensés et 112 AVC.

Un enfant mort-né.

L’analyse statistique montre que chaque accouchement d’un enfant mort-né multiplie le risque d’infarctus par 2,65. Plus de 3 fausses couches spontanées sont associées à un risque d’infarctus multiplié par 9. Ces résultats sont valides même après ajustement selon les facteurs de risque connus : tabac, alcool, IMC, rapport taille/hanche, activité physique, niveau d’éducation, nombre de grossesses, HTA, hyperlipidémie et diabète.

À l’inverse, l’étude n’a mis en évidence aucun lien entre les avortements et l’infarctus, pas plus qu’entre la perte d’un enfant, quel qu’en soit le mode, et la survenue d’un AVC.

Dès lors les auteurs suggèrent que « les fausses couches à répétition et les enfants mort-nés sont de forts prédicateurs, spécifiques du sexe, d’infarctus du myocarde et doivent être considérés comme d’importants indicateurs d’une prise en charge et de mesures préventives du risque cardio-vasculaire. »

Sans précisément expliquer comment une telle relation peut survenir, les auteurs évoquent plusieurs pathologies communes à l’obstétrique et à la cardiologie. Ils rappellent l’action des anticorps antiphospholipides, le rôle de la dysfonction endothéliale ou bien encore celui des taux élevés d’homocystéine.

Bien sûr reconnaissent les Allemands, le suivi des patientes n’a pas été assez long (10,8 ans) pour juger pleinement du risque, puisqu’elles avaient entre 35 et 50 ans à l’enrôlement. Mais leur travail bénéficie de son caractère prospectif, d’un vaste échantillon de population et d’un suivi actif des participantes.

Heart, (2010) édition en ligne doi:10.1136/hrt.2010.202226.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8870