Le Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI) n'est guère rassuré par le projet gouvernemental de décentralisation. « Nous sommes assez inquiets sur les risques d'aggravation des inégalités », explique le Dr Pierre Suesser, vice-président du SNMPMI, qui affiche cinq cents adhérents, soit environ 30 % des médecins titulaires de PMI. Dans sa nouvelle plate-forme, le SNMPMI dénonce en effet la « grande disparité territoriale (en quantité et en qualité) des services et soins de PMI offerts à la population » depuis le transfert aux départements des compétences en matière de protection maternelle et infantile il y a quinze ans. Le Dr Suesser souligne donc la nécessité d'une « reprise en main » de l'Etat.
Si la décentralisation doit être poursuivie, estiment les médecins de PMI, elle « doit aller de pair avec la mise en place d'une instance nationale garantissant la réalisation effective sur tout le territoire des missions légales dévolues en matière de PMI et de planification familiale ». Le SNMPMI propose la création d'une « instance nationale pour la promotion et la protection de la santé familiale et infantile », chargée d'évaluer les besoins et d'y répondre, de mutualiser les expériences, d'orienter des politiques de santé, de veiller à l'application des textes législatifs et réglementaires.
Selon le SNMPMI, le bilan actuel de la précédente étape de la décentralisation appelle aussi des « mesures d'urgence », en particulier une aide aux départements qui n'ont pas les moyens de répondre aux normes minimales de fonctionnement ou d'assumer leurs missions légales. Pour « améliorer l'attractivité des emplois », le SNMPMI préconise des « mesures de résorption de l'emploi précaire », ainsi qu'une « revalorisation des statuts des professions médicales et paramédicales participant à la PMI ».
Des statuts défavorables
Les médecins de la PMI sont des fonctionnaires des collectivités locales, dont « beaucoup recrutent des vacataires sur des missions identiques à celles des titulaires », explique le Dr Suesser. En outre, « la revalorisation très substantielle en 2000 du statut des médecins inspecteurs de santé publique a creusé l'écart avec les médecins de PMI, ce qui est très défavorable à leur emploi », ajoute le vice-président du SNMPMI. Le syndicat demande donc aux pouvoirs publics de « réaligner leur statut sur celui des médecins inspecteurs de santé publique ».
En outre, le SNMPMI souhaite que l'Etat réalise un état des lieux de la PMI avant de lancer la réforme. Dans le cadre de l'acte II de la décentralisation, le syndicat de médecins envisage « le maintien au département de la compétence PMI accompagnée d'une coordination formalisée (...) avec les autres instances régionales de santé, notamment dans le domaine de la pédiatrie et de la gynéco-obstétrique ».
Enfin, le SNMPMI plaide en faveur d'une « amélioration des dispositifs de soins préventifs » pour les enfants au-delà de 6 ans, en coopération avec les services de santé scolaire.
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