Certaines femmes naissent sans utérus, d'autres ont subi une hystérectomie. C'est à ces femmes que la greffe s'adresse. L'autorisation de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a été donnée en France pour la greffe de 8 femmes à partir d'utérus de donneuses en état de mort cérébrale.
Treize implantations ont été effectuées dans le monde. La première eut lieu en 2002 en Arabie Saoudite, chez une patiente ayant subi une hystérectomie après hémorragie de la délivrance ; la donneuse était vivante. La greffe a été explantée au bout de trois mois ; on en ignore les raisons précises.
En 2011, en Turquie, une patiente porteuse d'un syndrome de Rokitansky (agénésie congénitale de l'utérus et de la partie supérieure du vagin) recevait l'utérus d'une donneuse en état de mort cérébrale. La greffe fut un succès, la patiente eut des règles au bout de quelques semaines et des embryons ont été implantés au bout de 18 mois. Les médias se sont emparés de la bonne nouvelle, trop tôt ! Certes, des grossesses se sont déclarées, mais n'ont pas évolué. Aucune nouvelle de la receveuse n'est parvenue depuis.
Un utérus a été implanté en Chine fin 2015, aucune communication des suites n'est disponible. En mars 2016, la première greffe effectuée aux États-Unis à partir d'un utérus dont la donneuse était en état de mort cérébrale s'est soldée par un échec, probablement de cause infectieuse.
38 % de grossesses sur 13 greffes
Ce sont les résultats de l'équipe suédoise qui relance l'espoir. Neuf femmes (huit avec agénésie utérine et une ayant subi une hystérectomie pour cancer du col utérin) ont reçu un utérus de la part de donneuses vivantes (trois étaient ménopausées), faisant partie de leur cercle familial et amical. Sept greffes ont été couronnées de succès et ont été suivies de 5 naissances.
« Le taux de naissances est encourageant mais relativement modeste justifiant la poursuite de la recherche clinique, souligne le Dr Tristan Gauthier. À Limoges, notre équipe, après avoir fait des autogreffes puis des allogreffes chez la brebis à partir de 2009 et des études de résistance du myomètre à l’ischémie froide, a testé, avec l'accord de l'Agence de la Biomédecine (ABM), les conditions dans lesquelles des utérus pouvaient être prélevés dans un programme de prélèvements d'organes chez des femmes en état de mort cérébrale ».
Les avantages potentiels de transplantation à partir d'une donneuse décédée sont, outre l'absence de risque pour la donneuse, une durée de prélèvement beaucoup plus courte, une technique plus simple. En revanche, il est impossible de choisir la donneuse, d'effectuer un bilan préopératoire complet et un ajustement en fonction de la compatibilité HLA. « Nous en sommes au stade d'expérimentation, insiste le Dr Gauthier. Nous essayons de communiquer avec les autres équipes dans le monde afin de parfaire les conditions d'inclusion des femmes et la mise au point de la technique ».
Entretien avec le Dr Tristan Gauthier, gynéco-obstétricien, CHU de Limoges
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