L'étude DHEAge montre des bénéfices significatifs chez les femmes

Publié le 03/01/2001
Article réservé aux abonnés
1276511846Img18808.jpg

1276511846Img18808.jpg

C 'EST en 1994 que la DHEA, déhydroépiandrostérone produite par les surrénales, est reconnue aux Etats-Unis comme un produit de supplémentation diététique. Reconnaissance qui reposait alors sur des essais discutables menés chez l'animal, la seule donnée scientifique avérée chez l'homme étant l'observation d'une diminution des taux de sulfate de DHEA avec l'âge, de l'ordre de 80 % à 70 ans. En France, les scientifiques plus prudents se sont d'abord demandé si le déficit de la DHEA observé avec l'âge doit être compensé et dans quelles conditions l'envisager ? L'Observatoire de la santé de l'Ile-de-France s'est intéressé en premier lieu à ces questionnements et a lancé l'étude DHEAge dont le Pr Etienne-Emile Baulieu (INSERM, U448, Collège de France) a été le premier signataire, avec pour promoteur l'AP-HP qui a permis de recueillir un budget de 10 millions de francs auprès d'organismes privés et publics.

L'étude DHEAge a pour objectif de déterminer si l'administration pendant un an de 50 mg/j de DHEA est sans danger et permet d'améliorer le bien-être, la densité et le métabolisme osseux, la peau, la libido, la force musculaire, les fonctions cognitives, les fonctions immunitaires... Cet essai sur le vieillissement repose sur l'inclusion de volontaires sains tout-venant, avec administration selon une randomisation de DHEA ou d'un placebo. L'étude de cette molécule a été menée en double aveugle sur une cohorte de 280 sujets, hommes et femmes répartis de façon équivalente, âgés de 60 à 79 ans, avec de nombreuses évaluations, tant cliniques que biologiques, menées à six mois et un an.

Les femmes âgées de plus de 70 ans sont les bénéficiaires de la DHEA

Les résultats sur le métabolisme osseux montrent l'absence de modifications significatives avant l'âge de 70 ans. Les marqueurs osseux et la densité minérale osseuse (DMO) chez l'homme (avant et après 70 ans) ne sont pas modifiés. En revanche, une augmentation de la DMO est observée chez les femmes, notamment au niveau du col fémoral (en dessous de 70 ans) et au niveau du radius (au-dessus de 70 ans), ainsi qu'une diminution de l'index de la résorption osseuse dans le groupe des femmes les plus âgées. Ces résultats suggèrent une tendance au rééquilibrage du turnover osseux, un effet antiostéoclastique de la DHEA et un retour aux valeurs préménopausiques.
Une amélioration de l'état de la peau est observée en terme d'hydratation en surface, de production de sébum et de réduction de l'atrophie cutanée. Cet effet bénéfique cutané est notamment relevé chez les femmes les plus âgées. Autre résultat surprenant, la diminution de la pigmentation jaunâtre de la peau du visage liée au vieillissement.
En ce qui concerne l'intérêt libidinal, un changement positif significatif est rapporté chez des femmes de plus de 70 ans. Pas de modification chez l'homme avant et après 70 ans
Enfin, aucun effet n'est observé sur les propriétés artérielles de l'artère carotide et de l'artère radiale dans la population des hommes de plus de 70 ans.
En définitive, les résultats sont moins significatifs chez les hommes, qui bénéficient essentiellement d'une remontée des taux sanguins de DHEA à des niveaux observés chez des sujets jeunes, mais sans effet clinique notable.
En outre, les différents indices biologiques permettent de confirmer l'absence d'effets secondaires liés à la prise de DHEA, avec une restauration à des taux situés dans les fourchettes de sujets plus jeunes, en corrélation avec une augmentation de l'IGF-1. Autrement dit, ce produit de substitution n'exerce pas une action dopante, mais une action de normalisation des effets liés au vieillissement.
D'autres résultats concernant les fonctions cognitives, immunitaires et la force musculaire sont attendus au cours du premier trimestre 2001.

Dr Martine ANDRE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828