Pathologies lésionnelles sportives

L'inégalité homme/femme cherche ses raisons

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Publié le 14/03/2016
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Le syndrome femoro patellaire


Caractérisée par sa symptomatologie typique d’une douleur antérieure du genou aux escaliers ou à la position assise, ce syndrome voit sa fréquence croissante avec la pratique, encouragée et souhaitable d’une activité sportive régulière au sein des jeunes générations féminines.

Les recherches fondamentales consacrées à de telles différences d’appartenance sexuelle permettent de mettre en cause à la fois le morphotype anatomique (bassin plus large, genu valgum, angle de traction du quadriceps…) l’imprégnation hormonale (laxité articulaire plus prononcée) et la mécanique fonctionnelle d’usage des membres inférieurs plus particulièrement durant les activités sportives (tendance à la mise en rotation interne lors de l’attaque du pas à la course...)

Les lésions du ligament croisé du genou


Le ligament croisé antérieur du genou s’avère plus vulnérable chez la femme. C’est-à-dire que sa rupture survient pour des accidents moins violents. Cette observation qui n’est pas nouvelle n’a pas manqué d’interpeller. Pour l’expliquer, cependant, les recherches ont plus de mal à mettre en cause des variables spécifiques. La survenue de la rupture ne semble pas corrélée à une date particulière du cycle menstruel. Si l’hyper-mobilité articulaire est susceptible d’expliquer une propension plus marquée à ce type d’accident, elle n’est pas pour l’instant corrélable à une différence de patrimoine génétique liée au sexe. Enfin, d’un point de vue de la géométrie anatomique ni la taille de l’échancrure condylienne ni la pente du plateau tibial ne se sont, pour l’instant, avérées des marqueurs féminins déterminants.


La luxation et l'instabilité d'épaule


Si effectivement ce sont plus souvent des hommes qui se retrouvent aux urgences pour un épisode aigu de luxation d’épaule selon un ratio de deux pour un, un tel ratio ne se retrouve pas pour ce qu’il est convenu d’appeler l’instabilité ou les subluxations. Il importe de noter, déjà, que les femmes ont une mobilité passive d’épaule plus ample, résultat ou non de l’accrochage des agrafes de soutien-gorge. Un diagnostic de laxité articulaire, fondé sur l’analyse de mobilité des doigts est plus le fait des filles que celui des garçons. Quant à l’évolution d’un épisode aigu vers une luxation récidivante, on la retrouve plus fréquemment chez les sujets masculins. Ce triage de données épidémiologiques selon les sexes doit cependant se méfier de la survenue de biais inévitables. L’exemple de l’un de tels biais est le fait que les filles à mobilité articulaire accrue seraient plus volontiers séduites par les activités sportives que leurs congénères « plus raides ».


Cette recherche sur les différences de pathologie lésionnelles se décline sur bien d’autres exemples tels que les ruptures du tendon d’Achille, les fractures de fatigue ou les conflits femoro-acetabulaire. Elle passionne de nombreuses équipes aux Etats-Unis en raison de la popularité du sport de compétition et des incitations à l’obtention de bourses universitaires pour les sportives d’excellent niveau. Elle reste tout particulièrement motivée en vue de la mise au point de programmes de prévention mieux ciblées en fonction du sexe du sujet.


*D’après le Symposium du Congrès 2016 de l’AAOS : « Sexe et Sport : la prise en charge de la femme sportive en 2016 »


Source : Le Quotidien du médecin: 9479