Prise en charge de la sclérose en plaques

L'irruption de nouveaux traitements

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Publié le 22/02/2018
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Immunothérapie

Immunothérapie
Crédit photo : Phanie

L'une des grandes nouvelles de l'année est l'arrivée de l'ocreluzimab (Ocrevus). "Cet anticorps monoclonal vient d'être agréé dans les formes rémittentes mais aussi dans les formes progressives primaires. C'est le premier médicament à faire ses preuves dans ces formes de SEP" souligne P Vermersch..

L'ocrelizumab a en effet été testé dans l'étude ORATORIO à la fois dans les SEP rémittentes actives et les SEP progressives primaires en poussée (3). L'évaluation, au-delà des marqueurs inflammatoires, portait sur des critères cliniques. Dans les SEP progressives primaires en poussée versus placebo, les patients ont vu leur handicap progresser moins rapidement. À 4 et 8 mois le taux de patients dont le handicap a augmenté est réduit d'un quart. Et ce bénéfice se maintient dans le temps. Résultat à 2 ans, 40% versus 55% des patients ont un périmètre de marche qui s'est réduit. En parallèle, sans surprise, le volume des lésions de type T2 a diminué quand il augmentait sous placebo.

Nouveautés thérapeutiques dans les formes rémittentes

Dans les formes rémittentes actives l'ocreluzimab testé versus INF bêta 1 s'est aussi montré très intéressant. Le risque relatif de poussée est quasiment divisé par deux à 2 ans chez ces patients. Pour rappel l'ocrelizumab est un très proche parent du rituximab. Il est pareillement administré tous les 6 mois en hôpital de jour. Quand les INF bêta et l'acétate de glatiramère (Copaxone) sont administrés par voie SC ou IM et le tériflunomide (Aubagio) et le diméthylfumarate (Tecfidera ) administrés par VO. Il a d'ailleurs été agréé comme toutes ces molécules en première ligne de traitement mais il est réservé en première ligne aux SEP rémittentes actives documentées à l'IRM.

Un autre immunosuppresseur plus original devrait être agréé très prochainement dans les SEP rémittentes très actives en première ligne et dans les formes actives en seconde ligne: la cladribine (Mavenclad). Fait étonnant son activité particulièrement rémanente permet une administration singulièrement espacée en deux prises/an (VO) durant deux ans avec un bénéfice qui perdure deux ans après l'arrêt dans l'extension de l'étude CLARITY seconde à J7 puis rebelote l'année suivante (4).

Par ailleurs le siponimod, un cousin du fingolimod (Gylénia), a montré tout récemment dans l'étude EXPAND son activité dans les SEP secondairement progressives (5). Il devrait lui aussi venir élargir l'éventail thérapeutique des formes progressives, formes dans lesquelles depuis 20 ans on n'avait aucun succès.

Pour finir, à haute dose (300 mg/j) la vitamine B8 ou biotine bénéficie d'une ATU en France pour les SEP secondairement progressives où elle exerce une activité modérée. Et après la "petite" étude française (150 pts), une plus vaste étude américaine pourrait lui ouvrir le chemin vers une AMM.

Il ne faut par ailleurs pas omettre de programmer une supplémentation vitaminique D chez tous les patients. On a en effet des données épidémiologiques robustes notamment via l'analyse de la prévalence suivant la zone géographique de résidence dans le monde entier qui documentent son intérêt.

D'après un entretien avec le Pr Patrick Vermersch (CHU de Lille)
(1) O Kowal-Bielecka et al. Update of EULAR recommendations for the treatment of systemic sclerosis. Annals of the Rheumatic Diseases (ARD) Ann Rheum Dis2017;0:1–12
(2) Diagnosis of multiple sclerosis: 2017 revisions of the McDonald criteria. Lancet 2018; 17: 162-73
(3) X Montalban et al. Efficacy and safety of ocrelizumab in primary progressive multiple sclerosis: Results of the phase III double-blind, placebo-controlled ORATORIO study. Neurology 2016; 86 (16 Supplement)
(4) G Giovannoni et al. Safety and efficacy of cladribine tablets in patients with relapsing-remitting multiple sclerosis: Results from the randomized extension trial of the CLARITY study. Mult Scler. 2017, DOI: 10.1177/1352458517727603
(5) L Kappos et al. Lancet 2018 (in press) 

Pascale Solere

Source : Bilan Spécialiste