Fin 2017 la CNAM et les syndicats médicaux ont négocié une nouvelle lettre à la nomenclature (MCU) qui permet à un spécialiste à la demande du médecin traitant (MT) de majorer de 15 euros un acte si il reçoit un patient dans les 48 H et à la condition de rester au tarif conventionnel.
L’idée au départ est excellente puisqu’il s’agit d’éviter un passage aux urgences surchargées et couteuses pour l’assurance maladie. La plupart des confrères, quel que soit le secteur ou ils exercent, trouvaient intéressante cette idée présentée avec fort renfort de publicité. Quelle a été la stupéfaction de constater qu’en fait cela ne s’applique qu’à la consultation et non pas aux actes techniques. En quoi un cardiologue si il ne peut faire un ECG ou un doppler, un neurologue un EEG, un gastroentérologue une écho, un pneumologue des gaz du sang apporteront ils un plus au diagnostic du médecin traitant ?
Ne parlons pas du radiologue qui est complétement hors jeu. Je ne le vois pas recevoir en consultation un patient pour lui expliquer qu’il va lui donner un rendez vous dans 8 jours pour diagnostiquer une colique néphrétique ou une pneumopathie. Le radiologue est pourtant un des spécialistes dont le médecin a le plus souvent besoin en urgence.
Une comptabilité au jour le jour
Ces mêmes médecins traitants sont eux aussi pour le moins surpris par cette limitation. Pour l’assurance Maladie la restriction est d’ordre économique, et dans l’état actuel cette lettre ne sera pas appliquée, le coût sera nul, mais la diminution du recours aux urgences aussi. Une preuve de plus que la CNAM ne sait pas évoluer. Pour n’importe qu’elle société un investissement d’un jour doit être un facteur d’amélioration ou d’économie d’avenir. La volonté d’une comptabilité au jour le jour reste ici le seul leitmotiv.
Quitte à revenir en arrière si les effets escomptés ne sont pas atteints, pourquoi ne pas faire une expérimentation locale pour apprécier les résultats à partir d’indicateurs et de suivis ? Pour les syndicats médicaux, perdre son temps à négocier des actes inutiles et sans intérêt ne permettra certainement pas de redorer leur blason auprès des médecins libéraux et surtout des plus jeunes qui les désertent. Encore une occasion de perdue pour faire évoluer le système avec pragmatisme.
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