Morts subites chez les jeunes athlètes : l’ECG, un outil majeur de dépistage !

Publié le 03/10/2016
ecg sport

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Crédit photo : GUSTOIMAGES/SPL/PHANIE

Même rares, les morts subites des jeunes athlètes suite à un arrêt cardiaque restent problématiques. Les examens de non contre-indication à la pratique sportive permettent d’identifier les enfants, adolescents et jeunes adultes qui présentent des risques. Mais les opinions divergent sur la meilleure manière de l’exercer. L’ECG serait néanmoins l’outil le plus performant pour détecter les anomalies cardiaques avec bien plus de précision que la consultation médicale et l’auscultation. C’est ce que suggère une étude canadienne publiée dans the Canadian Journal of Cardiology le 29 septembre.

L'ECG supplante l'examen médical

Une équipe de cardiologues de l’Université of British Colombia Vancouver Coastal Health ont mis au point un nouveau protocole de dépistage et l’ont comparé à celui de l’American Heart Association (AHA). Les deux recommandent l’usage de l’ECG et de questionnaires, mais les cardiologues américains préconisent aussi l'examen clinique. 

Les chercheurs canadiens ont donc voulu optimiser le protocole pour mieux différencier les symptômes relatifs à de sérieuses complications cardiaques de ceux rélevant de situations bégnines. En effet, « le talon d’Achille du dépistage de pré-participation a été longtemps le taux inacceptable de faux positifs et les coûts associés au nombre important d’athlètes à dépister », remarque le Dr Saul Isserow, un des auteurs.

Les scientifiques ont ainsi examiné plus de 1 400 jeunes athlètes de compétition âgés entre 12 et 35 ans. Parmi les participants, 7 présentaient de sérieux problèmes cardiaques et 6 ont été identifiés grâce à l’ECG. Apparemment, seulement 2 d’entre eux auraient été détectés via l’examen clinique. « L’étude actuelle fournit des preuves soutenant l’usage de l'ECG comme un outil majeur pour le dépistage des jeunes athlètes », argue le Dr James McKinney qui a dirigé les travaux.

Les spécialistes ont également démontré que les examens médicaux étaient coûteux et superflus. D’après leurs résultats, la visite médicale a été à l'origine de tests approfondis superflus chez 10 athlètes. Ceux ci n'ont pas permis de savoir si l’un d’entre eux souffrait de maladies cardiovasculaires mais par contre, ils ont contribué à élever le taux de faux positifs. « Ceci n’est pas surprenant puisque l’auscultation du cœur requiert des années d’expérience et les conditions de travail durant le dépistage de masse n’est pas idéal pour la pratiquer minutieusement », expose le Dr Michael Papadakis de l’Université St Georges de Londres.

D’après l’étude, le taux de faux positifs était plus de deux fois moins important avec le nouveau protocole - ECG et questionnaire - par rapport à celui de l’AHA (3,7 % comparés à 8,1 %). Les scientifiques concluent qu’il serait préférable d’établir un questionnaire plus spécifique et poursuivre l’usage de l’ECG. En revanche, il faudrait ne plus recourir aux visites médicales. Ces mesures optimiseraient l’efficacité du dépistage et permettraient de limiter les coûts.

En France, le temps du changement

Ces résultats se révèlent d’un grand intérêt car en France les modalités de délivrance du certificat pour pratiquer le sport sont en train d’évoluer. En effet, une fiche standard des examens cliniques et paracliniques à réaliser pour obtenir le certificat va être rédigée par les Sociétés savantes (la Société française de médecine de l’exercice et du sport et la Société de traumatologie du sport). Le syndicat national des médecins du sport désirerait qu’un ECG soit effectué systématiquement à la première demande de licence de sport de compétition de l’enfant ou de l’adolescent.

En 2005, un consensus d’experts européens a recommandé la réalisation d’un ECG de repos pour tout demandeur de licence entre 12 et 35 ans et qu'il soit répété tous les 2 ans. En 2009, la SFC a proposé que l’ECG réalisé lors de la première visite soit répété tous les 3 ans jusqu’à 20 ans et tous les 5 ans jusqu’à 35 ans. 

Roxane Curtet

Source : lequotidiendumedecin.fr