Nipah et Ebola : deux virus particulièrement redoutables

Publié le 03/01/2001
Article réservé aux abonnés
1276507713Img18826.jpg

1276507713Img18826.jpg

A la fin de 1998, des cas d'encéphalite mortelle sont signalés en Malaisie, puis à Singapour chez des individus en contact avec des cochons atteints de pathologies respiratoires. Au cours de l'année 1999, ces infections qui ont été à l'origine de 265 cas d'encéphalite, dont 105 mortelles, amènent le gouvernement malaisien à décider l'extermination de plus d'un million de porcs dans les régions touchées. Parallèlement à ces mesures sanitaires, des tests bactériologiques ont été effectués, afin de déterminer l'agent en cause dans ces affections respiratoire et neurologique. Un virus de la famille des paramyxovirus - qui comprend aussi le virus de la rougeole, le virus syncitial respiratoire et le virus para-influenzae - a été isolé dans le liquide céphalo- rachidien de trois patients.

Ce virus a été baptisé Nipah en référence au nom du village de l'un des malades.

Des virus infectant de nombreuses espèces

Des chercheurs du CDC (Centre for Disease Control and Prevention) ont procédé à une analyse en microscopie électronique, à une étude génétique et à des examens sérologiques de ce virus. Ils ont conclu que ce nouveau paramyxovirus est étroitement apparenté au virus Hendra récemment découvert en Australie. Ces deux virus Nipah et Hendra peuvent infecter de nombreuses espèces, ce qui correspond à un trait inhabituel des paramyxovirus.
Parmi les nouvelles maladies infectieuses qui se sont développées au cours de ces dernières années, les épidémies de fièvres hémorragiques liées au virus Ebola tiennent une place à part. Ces infections virales liées à l'une des quatre souches du virus - et en particulier la souche Zaïre, la plus pathogène - s'accompagnant d'une mortalité élevée. Puisque la progression très rapide de cette maladie n'offre que peu d'opportunités de développer une immunité naturelle et qu'il n'existe pas actuellement de traitement antiviral efficace, seule la vaccination pourrait permettre de prévenir l'infection et de limiter la propagation de la maladie.

Un test vaccinal chez le macaque

Une équipe de chercheurs américains dirigée par le Dr Nancy Sullivan (NIH et CDC) a proposé d'étudier chez le singe macaque une stratégie vaccinale combinant trois injections d'ADN nu (plasmide exprimant une nucléoprotéine du virus Ebola et trois sous-types de glycoprotéines de différents virions) suivies, quatre semaines après, d'une injection de rappel contenant un vecteur adénovirus recombinant exprimant exclusivement une glycoprotéine du sous-type Zaïre. La vaccination a permis d'induire une immunité humorale et cellulaire efficace chez les singes macaques.
Des essais vaccinaux devraient rapidement débuter chez l'homme.

(1) D'après un article publié dans « Science », du 26 mai 2000, p. 1432.
(2) D'après un article publié dans « Nature », vol. 408, 605-609, 30 novembre 2000.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828