LE QUOTIDIEN : Quels seront les principaux thèmes abordés lors de cette deuxième édition ?
Dr WILLIAM LOWENSTEIN : Au cours du premier congrès, nous avions survolé nos classiques avec les addictions aux substances psychoactives licites et illicites ainsi que les principales addictions comportementales. Cette année, nous apporterons une réflexion sur la pratique clinique et la politique de santé des addictions. Nous allons notamment évoquer le projet de contraventionnalisation du cannabis, et rappeler qu'elle n'est pas synonyme de dépénalisation. C'est notre rôle de montrer que la prohibition est un échec dans le domaine de la santé publique.
Beaucoup de nos confrères nous ont également sollicités sur la question du bon et du mauvais usage des écrans. Nous aurons pour cela 2 spécialistes : un pédiatre et un psychologue experts de ces questions. Il y aura aussi des sessions plus classiques sur la prescription des médicaments les plus fréquemment demandés comme les traitements de substitutions aux opiacés ou le baclofène.
Nous avons aussi tenu à nous ouvrir aux DOM TOM. L’équipe du réseau régional d’addictologie de La Réunion va nous présenter un protocole qu'ils ont élaboré pour la prise en charge des addictions à l'Artane, un traitement antiparkinsonien détourné. Ils espèrent voir ce protocole reconnu par la DGS.
À qui cet événement s'adresse-t-il ?
Nous ciblons les médecins généralistes et les pharmaciens. Nous allons d'ailleurs communiquer et analyser les résultats d'une enquête menée chez plus de 111 médecins généralistes et 57 pharmaciens afin de lancer un cri d'alarme concernant l'évolution démographique des médecins généralistes et la désertification des territoires.
On attend environ un millier de participants. Lors de la précédente édition, 1 500 personnes s'étaient inscrites et plus de 900 avaient effectivement participé, en incluant les participants en différé.
Quels sont les principaux résultats de cette enquête ?
Elle montre que tous les médecins sont confrontés à la problématique des addictions à des degrés divers. Pour la majorité d'entre eux, la complexité de ces consultations devait s'accompagner d'une revalorisation de la prise en charge.
On y observe aussi une certaine lassitude vis-à-vis des traitements de substitution disponibles depuis plus de 20 ans. Les médecins ont l'impression de faire toujours les mêmes prescriptions, alors qu'il faut se poser en permanence la question de la posologie quand les patients demandent une diminution des traitements ou à arrêter.
Notre système français est menacé par la diminution du nombre de généralistes et surtout la diminution du nombre de médecins militants. La génération des praticiens qui s'est occupée des premiers patients usagers de drogues séropositifs pour le VIH va devoir songer à assurer la transmission. Sur cette thématique, nous avons 2 sessions dédiées à la coordination des parcours et des pratiques libérales. Il faut donner aux médecins généralistes des possibilités d'aide digitale et de contacts avec différents spécialistes.
Parmi les sessions réservées aux addictions comportementales pourquoi vous être concentrés sur les addictions au sport ?
Il y a une courbe en U en France, avec d'un côté les patients trop sédentaires, et de l’autre des accrocs du sport, qui prennent parfois des substances. Il y a une multiplication des triathlons extrêmes et des coureurs dont toute la vie tourne autour du marathon de New York.
Nous aurons aussi un focus sur femmes, addiction et sexualité, qu'il s'agisse des troubles liés à l'hyperactivité sexuelle, aux conduites dopantes. On assiste à l’arrivée du chemsex avec usage de drogue par voie injectable, avec les risques d'abcès, de septicémie et d'endocardites.
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