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Œsophagite à éosinophiles, incidence en augmentation chez l’enfant

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Publié le 12/06/2023
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Le congrès de la Société française de pédiatrie (Marseille, 31 mai - 2 juin) a été l'occasion de faire le point sur l'œsophagite à éosinophiles (OE). Décrite relativement récemment, cette pathologie fait désormais partie des diagnostics à évoquer devant certains symptômes évoquant des troubles de la motricité œsophagienne. 

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’œsophagite à éosinophiles (OE) – à la frontière de l’allergologie et de la gastro-entérologie – représente la deuxième cause d’œsophagite chronique après l’œsophagite peptique. « Son incidence, estimée entre 3 et 12/100 000 chez l’enfant, est en augmentation », prévient le Dr Anaïs Lemoine (hôpital Armand-Trousseau, Paris).

Pathologie chronique, inflammatoire, évolutive, d’origine dysimmunitaire, elle évolue le plus souvent d’un phénotype inflammatoire vers un phénotype fibrosténotique. Sa physiopathologie implique des facteurs environnementaux (exposition à des allergènes), cellulaires et immunitaires (activation d’une voie inflammatoire Th2 libérant IL-4, IL-5 et IL-13 principalement, avec un remodelage tissulaire et une fibrose), ainsi qu’une susceptibilité génétique.

« L’OE doit être suspectée devant des signes cliniques évoquant des troubles de la motricité œsophagienne, rappelle le Dr Lemoine. Chez les plus jeunes enfants (< 4-5 ans), elle se manifeste le plus fréquemment par un reflux gastro-œsophagien (RGO) résistant au traitement, des vomissements, des difficultés alimentaires, un infléchissement et/ou une cassure de la croissance pondérale, parfois des douleurs abdominales. Chez l’enfant plus grand, les symptômes sont ceux observés chez les adultes, à savoir une dysphagie, un pyrosis, des douleurs thoraciques et parfois une toux. » L’OE peut se compliquer d’une impaction alimentaire, en lien avec une sténose, une perforation spontanée.

Les traitements proposés en première et/ou deuxième intention sont les IPP avec une efficacité de l’ordre de 42 %, les corticoïdes topiques (inhalés déglutis ; préparation magistrale de budésonide visqueux hors AMM). Une forme orodispersible de budésonide est disponible en France chez l’adulte depuis 2022 mais ne dispose pas encore d’AMM chez l’enfant. En cas d’échec, une biothérapie par dupilumab (Ac monoclonal ciblant l’inflammation Th2) est efficace chez l’adulte mais n’a pas d’AMM chez l’enfant. Quant aux régimes d’éviction, ceux guidés par les tests ne sont plus recommandés en première intention et laissent la place aux régimes empiriques, la stratégie ascendante (éviction progressive des différents aliments) semblant la plus pragmatique.


Source : lequotidiendumedecin.fr