Les réponses à vos questions

Plein feu sur le système veineux - les réponses du Dr Pascal Priollet

Publié le 23/03/2016
Les questions des internautes du Quotidien du Médecin :

Réponse du Pr Priollet :
Dix ans après le déremboursement des veinotoniques, quelles leçons tire-t-on de cette décision ?

Le déremboursement des veinotoniques n’a manifestement pas bouleversé la prise en charge de l’insuffisance veineuse chronique ni contribué à un déplacement des patients vers les stades les plus graves de cette maladie. En revanche le déremboursement a été l’opportunité de clarifier les véritables indications de ces médicaments à savoir le traitement des symptômes fonctionnels : lourdeurs, douleurs et gonflement et non la prévention de ces symptômes et encore moins la prévention des varices ou des phlébites. Les veinotoniques étaient en effet trop souvent prescrits en dehors de leurs indications et pour de longues durées non justifiées. L’occasion  a également été saisie pour rappeler les effets bénéfiques de l’exercice physique et de la compression élastique. Il reste cependant raisonnable que des patients qui se trouvaient très améliorés par la prise de veinotoniques à certaines périodes de l’année, à la belle saison notamment, continuent d’utiliser ces médicaments s’il peuvent en assumer le coût. Les autres privilégieront l’hygiène de vie et les antalgiques banals encore remboursés.
 

La France reste-t-elle en pointe dans le domaine de la phlébologie ?

 Il existe en France une importante culture phlébologique bien entretenue au fil du temps puisque la Société française de phlébologie a été créée en 1947. De ce fait, les problèmes liés à l’insuffisance veineuse sont correctement identifiés dans notre pays. Pour autant,  l’enseignement de la pathologie veineuse reste très insuffisant pendant les études médicales si l’on considère que 18 millions d’adultes en France auraient des douleurs de jambe et 12 millions des varices. La reconnaissance toute récente de la médecine vasculaire comme une spécialité à part entière devrait être l’occasion de repenser l’enseignement des maladies veineuses. Quant à être « en pointe » dans ce domaine, cela suppose une recherche dynamique et de ce point de vue bien d’autres pays, en Europe notamment, mènent des études cliniques de qualité.
 

Une cure thermale en cas d’insuffisance veineuse chronique sévère : est-ce une bonne idée ?

 La cure thermale s’inscrit dans le cadre d’une rééducation et d’une éducation thérapeutique des insuffisants veineux. Elle concerne les formes sévères d’insuffisance veineuse avec retentissement cutané  surtout si la correction hémodynamique n’est pas possible et la compression élastique peu ou non efficace du fait d’une déambulation insuffisante. Des études françaises ont ainsi démontré le bénéfice des cures thermales en matière de signes physiques, de qualité de vie et de douleurs mais sans démonstration d’un effet préventif sur les ulcères de jambe.
 

Nos confrères médecins du travail sont-ils bien formés sur le terrain de l’insuffisance veineuse.

 Comme cela a déjà été souligné, la formation des médecins aux conséquences de l’insuffisance veineuse doit être améliorée. Les  médecins du travail sont d’autant plus concernés que le concept de « bien-être au travail progresse. De fait, il existe aujourd’hui une demande spécifique de formation de la part des médecins du travail pour  compenser notamment les conséquences des positions assise prolongées ou debout immobile au travail. Il s’agit donc d’une formation à l’hygiène veineuse qui regroupe la lutte contre la sédentarité et le surpoids, l’analyse des conditions de chauffage et la connaissance de toutes les mesures qui permettent de diminuer la pression veineuse des membres inférieurs.
 

Avez-vous des « trucs » pour faire accepter l’idée de la compression veineuse à des patients pas toujours réceptifs ?

 Le « truc » sans doute le plus important est d’écouter les craintes et les représentations du patient vis-à-vis de la compression et de prendre le temps d’analyser leurs réticences.  Pour les chaussettes et les bas, la première utilisation et donc la première prescription est essentielle car elle conditionne souvent l’acceptation ou l’abandon du dispositif.


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Source : lequotidiendumedecin.fr