Poubelles stagnantes : des bioaérosols néfastes pour les éboueurs

Publié le 01/04/2003
Article réservé aux abonnés

Ce travail a été entrepris sous l'égide de l'Institut norvégien de la santé du travail, de l'université d'Oslo (Norvège) et du département de médecine de l'environnement à l'université de Göteborg (Suède). Il avait pour objectif d'étudier les conséquences du ramassage des ordures ménagères sur les poumons des éboueurs.
Dans la région où ce travail a été mené, précise la Norvégienne Kari Kulvic Heldal, première signataire de l'étude, les ménages ont à leur disposition deux types de conteneurs : un pour ce qui peut être recyclé (papier, plastique, métaux, verre) et un pour les déchets organiques (restes alimentaires et déchets végétaux). Surtout, dans cette région, la collecte des conteneurs destinés aux déchets organiques ne se fait que tous les quinze jours.
Un délai qui favorise dégradation et pourrissement des déchets, d'où production de « bioaérosols » (selon les termes des auteurs) faits de bactéries, de champignons, d'endotoxines bactériennes et de polysaccharides provenant de la paroi cellulaire des plantes et des champignons.
Il était nécessaire de connaître les conséquences de ces bioaérosols sur les poumons des éboueurs. C'est dire l'intérêt de l'étude scandinave publiée dans le « European Respiratory Journal », qui a porté sur 25 volontaires employés d'une entreprise de récolte de ordures ménagères, âgés de 32 ans en moyenne.

Réaction inflammatoire bronchique

Ces sujets ont été examinés deux étés de suite, à deux reprises dans une semaine : d'abord le lundi, après le repos du week-end, juste avant le début de leur tournée, puis le jeudi, après trois jours de travail.
Chaque fois, les volontaires ont eu une exploration de leur fonction respiratoire et une étude des crachats.
Ce travail a permis de détecter dans les crachats une réaction inflammatoire bronchique qui va crescendo du lundi au jeudi avec présence de neutrophiles dans les crachats, dont l'augmentation est corrélée à l'interleukine 8 et aux éosinophiles. De même, il a été trouvé une diminution des fonctions respiratoires entre le lundi et le jeudi

« European Respiratory Journal », 2003, vol. 21, n° 4.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7307