L’hypnose

Pour quelles pathologies ?

Par
Publié le 22/02/2018
Article réservé aux abonnés
hypnose

hypnose
Crédit photo : Phanie

Etat de conscience modifiée, l’hypnose est connue de tous. Lors d’un trajet en voiture ou dans l’exercice d’un art, cette impression d’être dans une bulle est déjà un état de transe hypnotique. Chacun est suggestible et potentiellement réceptif à l’hypnose, mais différemment. Tour d’horizon des applications possibles en neurologie avec Constance Flamand-Roze, hypnopraticienne et Docteur en neurosciences.

AVC, mouvements anormaux et tics : De multiples indications

Dans les AVC, l’hypnose est une aide face au stress, à l’anxiété ou lors de certains examens médicaux (ex : claustrophobie lors d’un IRM). Elle agit sur l’estime de soi, la conscience du corps et renforce la motivation (essentielle lors des séances de rééducation). Elle peut également améliorer la motricité du membre parétique et la fluidité des mots en cas d’aphasie.

Dans les mouvements anormaux, elle trouve de nombreuses indications. Dans les pathologies non fonctionnelles comme la maladie de parkinson, les études montrent une amélioration du fonctionnement moteur, avec une meilleure fluidité de la marche et de l’équilibre. Un essai, chez un cas unique, a rapporté une réduction de 94% des mouvements aux repos, une amélioration du sommeil, de la libido et de la qualité de vie (avec 3 séances et de l’auto-hypnose). Concernant les pathologies fonctionnelles, une étude (1) sur 48 patients a mis en évidence 90% d’amélioration clinique objective chez les patients traités par hypnose (versus 26% chez les patients non traités).

Dans les tics, la sensation prémonitoire étant plus gênante pour le patient que le tic lui-même (effectué pour supprimer cette sensation prémonitoire), il ne suffit pas seulement de chercher à inhiber le mouvement mais plutôt d’agir sur la sensation prémonitoire. En hypnose, le patient est donc amené à décrire la sensation prémonitoire comme une zone d’inconfort, qui sera transformée grâce à l’imagination. « Par exemple, si l’inconfort est une douleur rouge et chauffante, on suggère au patient d’imaginer du froid et du bleu », illustre l’hypnopraticienne.

SEP, épilepsie, douleurs et migraines : Une efficacité démontrée

Dans la sclérose en plaque, un sondage réalisé auprès de nombreux patients a évalué l’efficacité de différents traitements (médicamenteux ou non) sur la douleur, selon une échelle de 1 à 10. Si l’hypnose était le traitement le moins utilisé, il était aussi le seul à obtenir une note supérieure à 7. En effet, si le patient parvient à s’impliquer activement, l’hypnose peut être très efficace sur la douleur, l’anxiété, la fatigue, la spasticité, la confiance en soi et l’image de soi.

Dans l’épilepsie, l’hypnose permettrait d’améliorer de 74% le contrôle des crises, dans leur fréquence et leur intensité, selon une étude réalisée chez 120 patients ayant appris à gérer leur stress par cette méthode. Les facteurs déclencheurs des crises peuvent être modérés par la pratique de l’auto-hypnose. En effet, apprendre la respiration par l’hypnose permet de limiter l’hyperventilation anxieuse et donc les crises.

Quant aux douleurs et aux migraines, l’hypnose permettrait de réduire la perception de la douleur de 50% car elle agit sur ses différentes composantes. « On a noté un effet analgésique sur la douleur chronique chez 75% des patients étudiés. L’objectif est d’apprendre à gérer la douleur, à l’identifier et à l’accepter pour pouvoir l’accueillir et la diminuer », précise l’hypnopraticienne. L’hypnose permet d’augmenter significativement la modulation fonctionnelle entre le cortex cingulaire et un large réseau neuronal impliqué dans les aspects sensoriels, affectifs, cognitifs et comportementaux de la douleur.

Comment proposer l’hypnose au patient ?

« Il convient de prévenir le patient que l’hypnose n’est pas magique et nécessite une implication à travers l’auto-hypnose. Celle-ci doit être pratiquée régulièrement et devenir un mode de vie à long terme pour être efficace. Si l’hypnose ne guérit pas, elle soigne et permet de devenir acteur de sa maladie », insiste Constance Flamand-Roze. Certains patients sont réticents par peur de perdre le contrôle alors que, justement, l’hypnose apprend à reprendre le contrôle des parties du corps douloureuses ou sur les symptômes à soigner. Il s’agit d’une thérapie brève, efficace au bout de 3 à 5 séances, où les patients deviennent vite indépendants du thérapeute grâce à l’auto-hypnose. Quand le patient a vraiment besoin d’être pris en charge passivement, l’hypnose n’est pas la bonne approche. Concernant les effets délétères, il existerait parfois de mauvaises sorties de transes profondes. Il est donc important d’orienter le patient vers un hypnothérapeute formé.

D’après la présentation de Constance Flamand-Roze, hypnopraticienne et Docteur en neurosciences (Paris) lors des Rencontres en Neurologie.
(1) Ricciardi et al, 2014

Karelle Goutorbe

Source : Bilan Spécialiste