Entretien

Pr Claude Attali* « Une formation décontextualisée est inutile ! »

Publié le 02/02/2018
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Pourquoi absolument impliquer le généraliste dans l’indication opératoire ?

Pr Claude Attali Il s’agit d’appliquer la loi de 2009 “HPST” où les missions du médecin généraliste sont clairement définies. Pour les assurer, il est indispensable qu’il participe en amont à la décision opératoire et collabore ensuite avec l’équipe chirurgicale pour assurer un suivi de qualité à court, moyen et long termes. En pratique, je propose qu’en amont de la décision chirurgicale, le généraliste complète un document qui renseigne et vérifie la pertinence de l’intervention, prenant en compte les critères médicaux mais aussi l’environnement du patient et son profil psychologique. Il doit aussi s’engager à assurer le suivi de ces patients.

Les médecins généralistes prenant en charge ces patients doivent-ils suivre une formation spécifique ?

Pr C. A. Ce type de question éternellement répétée sur le mode incantatoire sous-entend que le généraliste n’est pas capable d’assurer correctement ses missions, alors que la capacité des autres spécialistes à faire correctement leur métier est rarement questionnée. L’époque où les généralistes ne bénéficiaient pas d’une véritable formation professionnalisante est révolue depuis longtemps. Si l’avis du médecin traitant sur l’indication d’une chirurgie bariatrique est systématiquement demandé et s’il est régulièrement incité à collaborer pour suivre ces malades, il développera de fait les compétences nécessaires. Ce suivi devrait à mon avis se faire à raison de deux consultations par an, voire plus en cas de problème. Si nécessaire, il peut bien sûr demander l’aide d’autres soignants (nutritionniste, psychologue, psychiatre...).

Faudrait-il revaloriser les actes liés à cette surveillance de post-chirurgie bariatrique ?

Pr C. A. Les situations cliniques de ces patients sont souvent très complexes et l’indication comme le suivi nécessitent de prendre le temps nécessaire pour les accompagner correctement. L’Académie nationale de médecine demande que ce suivi soit valorisé à son juste niveau, et bénéficie du même statut que les consultations “complexes”. C’est une discussion qui doit être engagée avec les différents acteurs de la santé publique, dont l’Assurance maladie.

* Médecin généraliste, représentant du Collège national des généralistes enseignants et du Collège de la médecine générale, membre du groupe de travail mis en place par l’Académie nationale de médecine.


Source : lequotidiendumedecin.fr