La dernière journée d'audience du procès de Jérôme Cahuzac a été consacrée aux plaidoiries des avocats de la défense. Durant une heure, Eric Dupond-Moretti et Jean-Alain Michel se sont employés à convaincre les juges d'éviter la case prison à leur client.
Mardi en effet, l'avocat général Jean-Christophe Muller avait requis dans son réquisitoire une peine de trois ans ferme et cinq ans d'inéligibilité à l'encontre de l'ancien chirurgien, pour fraude fiscale et blanchiment. Cette sanction enverrait Jérôme Cahuzac, 65 ans, derrière les barreaux alors qu'une peine égale ou inférieure à deux ans d'emprisonnement ouvrirait la possibilité d'un aménagement de peine. La faute avait « durement rompu l'équilibre social », selon l'accusation, provoquant un scandale qui avait choqué l'opinion et abouti à la création d'un parquet national financier (PNF) et d'une agence anticorruption.
Un homme « cassé », « fracassé »
Mais la prison a-t-elle un sens dans le cas de Jérôme Cahuzac, condamné en première instance pour avoir dissimulé 3,5 millions d'euros au fisc ?
Pour son avocat Eric Dupond-Moretti, la réponse est évidemment non. « La prison, c'est quand il n'y a aucune autre solution », a lancé le ténor du barreau. Décrivant un Jérôme Cahuzac, « seul », « cassé », « prisonnier de son mensonge », « qui a exprimé son regret », il a invoqué le sens des « proportions » de la peine infligée, invitant les juges d'appel à se distinguer de la « vindicte » qui cherche à la fois des héros et des boucs émissaires pour « incarner le mal absolu ».
« La juste peine c'est celle qui (...) n'accable pas plus que nécessaire un homme cassé, fracassé, celle qui permet le rachat, celle qui autorise un avenir », a aussi plaidé son avocat historique et ami Jean-Alain Michel.
Peur de la prison
Eric Dupond-Moretti a même proposé d'alourdir la sanction en augmentant la partie avec sursis mais de ne surtout pas envoyer « en taule » l'ancien ministre du Budget, qui se voulait le pourfendeur la fraude fiscale, devenu un paria de la République. « Je ne demande pas la lune. Je suggère même d'aggraver la peine, mais je vous supplie de ne pas l'envoyer en prison. La sanction sociale répond déjà à la peine. Oui, c’est une affaire exceptionnelle, mais il a été exceptionnellement puni », a-t-il insisté.
Lors de la première audience, Jérôme Cahuzac avait confié sa « peur » d’aller en prison et d’infliger cette peine à sa famille. Une déclaration qui n'avait pas ébranlé l'avocat général. « Aujourd'hui, cette peine est infligée à 68 000 personnes et à 68 000 familles La confiance d'un pays dans ses dirigeants est fragile et a été détruite », avait-il asséné.
La décision de la cour d'appel est attendue le 15 mai.
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