Le temps de la médecine
La plus connue des affections cutanées déclenchées par le soleil est l'herpès labial. Les poussées sont souvent provoquées par une exposition riche en UVB (exposition au bord de la mer ou en altitude).
« Cette récidive, explique le Dr Jean-Romain Manciet (hôpital Saint-Louis*, Paris), est retrouvée dans environ un tiers des cas. Les mécanismes sont mal connus. A côté d'un phototraumatisme, il existe un effet immunosuppresseur des ultraviolets qui pourrait expliquer une réactivation de l'HSV dans le ganglion. Le virus, qui migre en permanence le long de l'axone, peut alors se répliquer plus facilement à sa périphérie. »
L'acné subit une évolution différente lors de vacances ensoleillées. Dans un premier temps, tout va bien car l'effet anti-inflammatoire des UV atténue les lésions. Mais le bronzage provoque un épaississement de l'épiderme qui va obturer les pores. Aussi, à l'arrêt des expositions solaires, les pores bouchés seront à nouveau la cible de réactions inflammatoires. Des poussées apparaissent de 15 jours à 3 semaines après la fin de l'exposition. Pour ce spécialiste, « il ne faut pas interdire le soleil à ces patients mais leur recommander d'utiliser des crèmes solaires non comédogènes et de reprendre le traitement antiacnéique dès le retour des vacances ». Dans certains cas, cependant, il peut exister une aggravation de l'acné avec poussées inflammatoires. Les infrarouges, en provoquant une dilatation brutale des pores, pourraient les favoriser.
En cas de rosacée, la couperose, qui est son premier stade, est accentuée par l'exposition solaire au même titre que d'autres facteurs vasodilatateurs aggravants (alcool, épices, chaleur, etc.). Aux stades ultérieurs, les UV n'ont pas d'incidence sur cette affection mais les expositions solaires entraînent des sensations douloureuses ou des brûlures.
Le mélasma, plus connu sous le nom de masque de grossesse, est une pigmentation brunâtre du visage touchant le front, les pommettes et la lèvre supérieure. Il est déclenché, le plus souvent, par une exposition solaire chez une femme enceinte ou sous contraception orale. Cette pigmentation, liée à un hyperfonctionnement des mélanocytes, s'accentue au soleil. « On peut la traiter par des dépigmentants si elle touche l'épiderme. En revanche, l'atteinte du derme, mise en évidence à la lumière de Wood, ne répond pas à ces traitements », précise Jean-Romain Manciet.
Une éruption du visage en aile de papillon
D'autres affections sont habituellement améliorées par le soleil, comme le psoriasis et la dermatite atopique mais cela ne concerne pas tous les patients. Moins de 10 % des psoriasiques constatent des exacerbations pendant les mois d'été. Quant au prurit des atopiques, il peut être majoré par le soleil, d'où une aggravation des lésions du visage en été.
Enfin, les ultraviolets peuvent avoir un rôle aggravant, voire déclenchant, dans la survenue de maladies auto-immunes comme le lupus érythémateux. Dans cette affection, la photosensibilité est constante dans le sous-groupe de patients atteints de lupus subaigu. Il existe une éruption érythémateuse et papuleuse, souvent annulaire dans les zones photo-exposées. Elle se dessine en aile de papillon sur le visage. Il n'y a pas, de façon générale, de signes généraux ou viscéraux graves, contrairement à la forme systémique. Devant une éruption cutanée photosensible suspecte de lupus érythémateux il faut rechercher des anticorps antinoyaux, lesquels sont positifs dans le lupus systémique. En revanche, ces anticorps sont absents dans la forme subaiguë caractérisée par la présence d'autres anticorps : les anti-Ro (anti-SSA).
« La photosensibilité de cette forme serait liée à l'interaction entre les ultraviolets et les antigènes SSA qui favoriserait l'apparition des anticorps anti-SSA », précise Jean-Romain Manciet.
* Unité de photodermatologie et de dermato-allergologie, service du Pr Morel.
D'autres dermatoses avec photosensibilité
Dermatoses photo-aggravées
- Etats poïkilodermiques ou télangiectasiques congénitaux avec photosensibilité (syndrome de Bloom, de Cockayne, de Rothmund-Thomson).
- Lichen plan actinique.
- Granulome actinique (granulome annulaire).
- Porokératose actinique disséminée superficielle.
- Dermatoses bulleuses.
- Maladie de Darier.
- Hématodermie.
Dermatoses avec photosensibilité par déficience du système de protection
a) Anomalies de la formation ou de la distribution de la mélanine :
- phénylcétonurie ;
- insuffisance ante-hypophysaire ;
- vitiligo ;
- piebaldisme.
b) Déficience du système de réparation de l'ADN :
- Xeroderma pigmentosum ;
- syndrome de Cockayne
Dermatoses avec photosensibilité par anomalies métaboliques
- Porphyries cutanées.
- Pellagre et érythèmes pellagroïdes.
Réf. : « Photodermatoses et photoprotection », Michel Jeanmougin, éd. Deltacom.
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