L’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) vient de mettre à jour ses statistiques sur la santé, dévoilant de nouvelles informations sur les revenus des professionnels de santé dans les économies les plus riches de la planète. Pour les praticiens français, la situation reste mi-chèvre, mi-chou : si les praticiens tricolores ne sont pas les mieux payés, loin s'en faut, ils ne sont pas non plus les plus à plaindre.
« Les médecins français ne sont ni en haut, ni en bas de l’échelle des revenus, tout dépend des pays avec lesquels on désire les comparer et à quelles catégories de médecins on s’intéresse. » Voilà comment Gaëtan Lafortune, économiste senior à la division santé de l’OCDE, résume les enseignements de la base de données actualisées sur les revenus des praticiens (libéraux et salariés).
Dans cette base de données, l’OCDE compare les revenus bruts des médecins – c’est-à-dire qu’il s’agit des données avant paiement de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales mais après déduction de l'ensemble des frais professionnels pour les libéraux. L’organisation propose les données en unité monétaire nationale, en dollars au taux de change courant, ou encore en dollars en « parité de pouvoir d’achat » (c’est-à-dire que les chiffres sont corrigés pour les différences de niveaux de vie entre les pays). Et c’est ce dernier indicateur qui semble le plus pertinent pour les comparaisons internationales pertinentes.
Les généralistes libéraux en queue de peloton
Comment s’en sortent les praticiens français ?
Les plus défavorisés sont clairement les généralistes libéraux, qui se trouvent 11es sur les 15 pays pour lesquels l’OCDE dispose de données ! Leur revenu annuel en parité de pouvoir d’achat s’élève à 131 000 $*. Cela fait un gros tiers de moins que les généralistes libéraux allemands (en pole position avec un revenu annuel de 214 000 $), et 10 % de moins que les voisins anglais (5e à 145 000 $). Les omnipraticiens libéraux estoniens, 15e avec un revenu annuel de 60 000 $, sont les plus à plaindre.
Ces données comparatives sur les revenus à la traîne des généralistes libéraux français remettent en perspective la hausse de 3,7 % du BNC 2017 à la faveur de la revalorisation à 25 euros de la consultation de référence. Un « rattrapage partiel », pour MG France.
Les spécialistes libéraux s'en sortent mieux
Le sort des spécialistes libéraux français (toutes disciplines confondues) est plus enviable : leur revenu annuel en parité de pouvoir d’achat s’élève à 220 000 $, ce qui les hisse au 6e rang des pays pour lesquels l’OCDE dispose de données. Ce sont encore une fois les Luxembourgeois qui gagnent le plus dans cette catégorie (avec revenu annuel de 406 000 $), les spécialistes libéraux belges se classant 2e (322 000 $). Les moins bien rémunérés dans cette hiérarchie sont les Tchèques, au bas de l’échelle avec un revenu annuel de 70 000 $.
En revanche, le positionnement des spécialistes salariés français n’est pas particulièrement reluisant : leur revenu annuel de 100 000 $ en parité de pouvoir d’achat les confine à la 16e place des 28 pays pour lesquels l’OCDE dispose de données. Les praticiens spécialistes salariés luxembourgeois, en tête avec un revenu annuel de 290 000 $, gagnent presque le triple. Et les Irlandais, 2e à 206 000 $, plus du double… Les spécialistes salariés tricolores sont toutefois mieux bien lotis que leurs confrères lettons, bons derniers avec un revenu annuel de 35 000 $, et quasiment à égalité avec leurs homologues suédois, 17e à 99 000 $.
Ces comparaisons marquent des tendances nettes mais ont toutefois leurs limites. « La rémunération est l’un des terrains où il est le plus difficile d’avoir des données comparables, précise Gaëtan Lafortune. Plusieurs pays ne prennent pas en compte la totalité des revenus des médecins lorsqu’ils ont des activités mixtes, alors que certains autres prennent en compte les revenus des médecins en formation (internes et résidents), qui sont beaucoup moins élevés bien sûr. » Et l’économiste d’en appeler à ne pas « tirer des conclusions erronées ».
* Le taux de change entre les dollars en parité de pouvoir d’achat et l’euro variant pour chaque pays, y compris au sein de la zone euro, nous avons préféré laisser toutes les données en dollars.
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