SRAS en France : deux cas « possibles » sont devenus « probables »

Publié le 06/04/2003
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Deux des trois cas français de SRAS considérés comme « possibles » ont été classés comme « probables » par l'InVs le 3 avril 2003.
Il est utile de rappeler la définition, selon la DGS, des cas suspects, probables et exclus (les définitions de cas de SRAS ont été élaborées sur la base des recommandations de l'OMS afin de standardiser les données au niveau international). On définit ainsi :
- les cas possibles : toute personne présentant des signes évocateurs de SRAS, avec notion soit d'un séjour récent en zone affectée, soit d'un contact rapproché avec une personne malade de SRAS ;
- les cas probables : tout cas possible dont les résultats d'examens médicaux (prise de sang, radiographie pulmonaire...) ne permettent pas d'exclure le diagnostic de SRAS ;
- les cas exclus : tout cas possible dont les résultats d'examens médicaux (prise de sang, radiographie pulmonaire...) permettent d'exclure le diagnostic de SRAS, par la mise en évidence d'une autre cause.
Le premier des deux cas français passé de possible à probable est celui d'une hôtesse de l'air de 37 ans hospitalisée depuis le 30 mars à Montpellier. Comme l'explique au « Quotidien » le Pr Jacques Reynes, « son état de santé est satisfaisant et les premiers prélèvements nasaux n'ont pas permis la détection de coronavirus par les services de virologie de l'Institut Pasteur de Paris. Il est encore trop tôt pour effectuer des tests sériques de détection des anticorps. Une recherche de métapneumovirus devrait aussi être effectuée ».
Il est possible que ces résultats se soient révélés négatifs en raison de la faible production de sécrétion de la patiente qui n'a pas permis la réalisation de prélèvements bronchiques.
Le second cas est celui d'un médecin ayant séjourné à Hanoi, mais qui n'a pas été amené à soigner des patients atteints de SRAS et qui, dans un premier temps, a été admis à l'hôpital de Besançon en raison d'une fièvre et de signes pulmonaires. « Il a quitté cet établissement contre l'avis des soignants », précise le Pr Lucien Abenhaïm, directeur général de la Santé, et il est actuellement hospitalisé au CHU de Strasbourg (voir encadré).
En outre, selon les médecins de l'hôpital de Tourcoing, l'état de santé du cardiologue hospitalisé dans cette ville était très sérieux vendredi.

Dans le monde

Le nombre des pays touchés par la maladie a encore augmenté en fin de semaine : des cas suspects sont rapportés au Mexique et au Laos.
L'OMS se déclare, en outre, satisfaite de la coopération de la Chine dans son enquête sur l'origine de la maladie. Des experts ont en effet pu se rendre dans la province du Guangdong pour la première fois depuis le début de l'épidémie. Pour le porte-parole de l'OMS, « il est clair que le gouvernement chinois espère pouvoir obtenir assez de preuves pour que la recommandation de l'OMS invitant à ne pas se rendre dans la province du Guangdong soit levée ».

Au CHU de Strasbourg, sécurité renforcée

Le service des maladies infectieuses du CHU de Strasbourg, qui soigne depuis le 2 avril un médecin présentant « une très forte suspicion de SRAS », a mis en place des mesures de sécurité renforcées pour éviter tout risque de contagion pour le personnel soignant.
Le patient se trouve dans une chambre d'isolement séparée du reste du service par un sas, et seulement deux médecins, deux infirmières et une aide-soignante sont en contact régulier avec lui. Bien qu'il présente tous les signes de la maladie, son état n'est pas jugé préoccupant, a précisé le Pr Daniel Christmann. Selon lui, le service où il est hospitalisé peut, en cas de nécessité, accueillir jusqu'à 10 patients présentant une suspicion de SRAS, grâce à une réorganisation rapide de ses locaux.
Le patient, qui avait d'abord été soigné à Besançon, a été transféré à Strasbourg par des moyens « médicalisés et sécurisés », et suit actuellement un traitement antiviral et antibiotique. Les prélèvements effectués à Besançon s'étant révélés négatifs, le patient avait quitté l'hôpital, mais y avait été réadmis peu après à la suite d'un malaise. Cette seconde admission a justifié ensuite son transfert à Strasbourg, l'un des neuf centres de référence pour la prise en charge de ces malades. Selon le Pr Christmann, sa situation est comparable à celle du médecin de Tourcoing présentant les mêmes symptômes. Les deux patients étaient rentrés d'Asie par le même vol, ce qui pose le problème de l'origine de la contamination, soit antérieure au voyage, soit en rapport avec ce dernier.

D. D. B.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7310