« Le 13 mars, explique le Dr Daniel Jannière, les SAMUs de France ont été contactés par la Direction des Français de l'étranger, un service du ministère des Affaires étrangères, sous couvert du ministère de la Santé, afin de mettre en place une mission de renfort hospitalier à l'hôpital franco-vietnamien d'Hanoi. Le consul de France de cette ville avait en effet estimé, devant le nombre important de cas de pneumonie atypique dans l'hôpital - un tiers du personnel - de faire appel à des médecins du service public afin de soigner les Français présents sur place. Les SAMUs de France ont diffusé un appel aux volontaires et, après l'accord des directions respectives des hôpitaux, trois médecins et sept infirmiers et infirmières venus de Pau, Bordeaux, Lille, Créteil, Bobigny et Paris ont rejoint Hanoi en deux équipes distinctes. Ils étaient accompagnés par un bactériologiste de l'Institut Pasteur, le Dr Jean-Claude Manuguerra. »
Un stock de matériel médical
« Ils ont emporté avec eux un stock de matériel médical à usage unique, des protections et dix respirateurs permettant la délivrance d'une pression positive continue. Arrivés sur place, ils ont trouvé leurs collègues français et vietnamiens qui avaient fait le choix de rester à l'intérieur de l'hôpital pour limiter les cas de contagion dans leur entourage. Des mesures de protection avaient déjà été prises et le Dr Manuguerra a contribué à standardiser l'asepsie et à mettre en place des procédures de désinfection virologiques en s'appuyant sur les pratiques en cours à l'Institut Pasteur et sur les recommandations de l'OMS.
« Au total, poursuit le Dr Jannière, quatre personnes travaillant dans l'hôpital ont été intubées et ventilées (l'une d'elles a pu récupérer et récemment sortir de l'hôpital guérie) et une dizaine d'autres ont bénéficié d'une oxygénation à haut débit (C-PAP).
« Après avoir utilisé, dans les premiers temps, un traitement antiviral par Tamiflu, de la ribavirine (sous forme injectable, aérosols et per os ) a été prescrite aux malades.L'ensemble de ces mesures a permis de limiter la propagation de l'épidémie en dehors de l'hôpital et les membres de l'équipe du SAMU qui ont été relayés par du personnel du Service de santé des armées ont pu regagner la France le 6 avril, après avoir observé une période de dix jours sans contact avec les personnes atteintes de SRAS. »
En France, les autorités sanitaires, par le biais de la DGS, ont fait appel aux services d'aide médicale urgente pour prendre en charge les personnes malades, suspectes ou qui ont été en contact avec des patients.
« Nous avons mis en place, en interne, des procédures de réponse aux appels parvenant au SAMU et aux centres 15, explique le Dr Jannière. Pour de simples demandes de renseignements, nous renvoyons les usagers vers le Numéro Vert mis en place par ladirection générale de la Santé. Pour Paris et les quatre départements de la petite couronne, nous avons enregistré jusqu'à 100 appels supplémentaires par jour, qui ont nécessité le transport d'environ 20 patients quotidiennement vers les deux centre référents parisiens : l'hôpital Bichat et l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'ensemble de ces transports sont assurés par des ambulanciers professionnels volontaires du service central des ambulances de l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris. Les procédures de désinfection préconisées par la DGS ont été systématiquement suivies et, à l'heure actuelle, aucun membre de personnel n'a dû être mis en quarantaine. »
Et les libéraux ?
Mis en cause par le Dr Bernard Huynh, président du Syndicat des médecins de Paris (CSMF 75), dans un communiqué, en raison de recommandations limitant l'implication des médecins libéraux dans la gestion de l'épidémie de SRAS, le Pr Lucien Abenhaïm explique au « Quotidien » que « les mesures d'appel aux services d'urgences qui sont recommandées en France entrent en droite ligne avec les recommandations internationales » et qu' « elles permettent d'éviter qu'un praticien qui aurait été en contact avec un patient suspect ou probable ait à suspendre son activité pendant une dizaine de jours. La DGS sait qu'elle peut s'appuyer sur les médecins libéraux dans des périodes de crise, telles, par exemple, que l'épidémie de méningites qui a eu lieu en Auvergne et dans le Sud-Ouest. C'est pour cette raison que la création d'une cellule d'urgence au sein de la DGS est actuellement en cours d'élaboration avec la participation de médecins libéraux ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature