Les médecins du syndicat Agjir, antenne locale alsacienne de ReAGJIR, le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants, réunis mercredi soir à Strasbourg, devaient vivre une simple soirée de formation. Elle fut bien différente.
La soirée devait se tenir dans un restaurant à deux pas de l’attaque à l'arme automatique qui a eu lieu sur le marché de Noël. « Cela commençait à 20 heures, les évènements étaient déjà en cours donc les dernières personnes à être arrivées faisaient état de bruit comme des pétards, sans savoir vraiment ce qu’il se passait », raconte le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR et généraliste en banlieue strasbourgeoise à Ligolsheim.
Le restaurant étant situé dans un caveau, ils n’ont pas entendu grand-chose de ce qu’il se passait mais ont été confinés jusqu’à 3 heures du matin, moment où ils ont pu enfin sortir. Le Dr Schmitt lui-même ne pouvait finalement pas se rendre à la formation, mais à partir du moment où l’information des attaques a été connue, l'objectif était de recenser tout le monde. « Pour ceux présents à la formation, nous avons vite été rassurés sur leur mise en sécurité. Certains inscrits ont été bloqués par la fermeture de la ville mais nous avons pu les contacter assez rapidement mais d'autres ne répondaient pas, dont une pour laquelle nous n’avions toujours pas de nouvelles ce matin, ce qui est forcément inquiétant », relate le Dr Schmitt.
Des généralistes mobilisables
À la suite des tragiques événements, le plan blanc a été déclenché dans la capitale alsacienne – le dernier bilan en fin d'après-midi est de trois morts et de douze blessés dont deux ont leur pronostic vital engagé. « Les médecins du département de médecine générale ont été prévenus de ne pas se rendre à l’hôpital parce qu’il y avait assez de monde mais de rester joignables pendant la nuit », explique Yannick Schmitt. Beaucoup de médecins et d’internes se sont rendus spontanément vers les hôpitaux et il y a eu rapidement assez de monde.
Ce matin, alors que le tireur – un individu de 29 ans fiché S connu pour des faits de droits communs – n’avait toujours pas été retrouvé, la confusion régnait dans la ville, y compris pour les généralistes. Sur les réseaux sociaux, Doc Arnica se demandait par exemple si elle devait ouvrir ou fermer alors que des informations circulaient sur la possible localisation du suspect.
Je me pose la question vu que je suis en plein milieu du quartier où s’est réfugié le tireur de laisser ou non ma porte ouverte ou de filtrer l’entrée . Vous feriez quoi ?
— Doc Arnica (@DocArnica) 12 décembre 2018
« Il n’y a pas eu de message officiel, ce n’est pas très clair. Ce matin pour emmener mon enfant à la crèche, on ne savait pas si c’était ouvert ou pas. C’est un peu à l’appréciation de chacun et cela reste relativement inquiétant étant donné qu’il y a toujours quelqu’un dans la nature », confie Yannick Schmitt.
Gérer l'après
Au niveau de la prise en charge médicale, une cellule de crise médico-psychologique a été ouverte pour les personnes exposées, dans le bâtiment de la chambre de commerce et d’industrie (CCI). 2 000 personnes y ont déjà été reçues a indiqué la CCI. « Après, la question qui se pose c’est celle de la suite, parce que souvent, c’est beaucoup plus tard que se manifestent les premiers symptômes de chocs. Donc il y aura forcément des médecins des alentours qui seront amenés à suivre des personnes exposées à ces évènements et à les prendre en charge. Cela nécessitera de l’écoute, du temps passé et pour certains une prise en charge spécialisée », souligne le Dr Schmitt.
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