Sur le front des retraites

Publié le 03/04/2003
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Le gouvernement a présenté aux organisations syndicales une « feuille de route » qui devrait conduire à la réforme des retraites.

La CGT et FO ont écarté ce document d'un revers de la main. Et une grève quasi générale a paralysé hier le pays. Pourtant, on ne trouve rien, dans le texte gouvernemental, qui soit de nature à alarmer les actifs ou les retraités, d'autant que les pouvoirs publics envisagent une réforme progressive, à l'horizon 2020, dont l'effet, atténué par le temps, devrait être indolore. Le gouvernement réaffirme d'emblée le principe de la répartition ; il se porte garant de la solvabilité des régimes ; il insiste sur la notion d'égalité, façon positive de dire que les avantages des fonctionnaires seront peu à peu abolis.
Jean-Pierre Raffarin n'entend nullement mettre en place une retraite peau de chagrin ; il affirme sa volonté de maintenir un haut niveau de compensation et le pouvoir d'achat du retraité ; il confirme en outre que le droit de prendre sa retraite à soixante ans est maintenu, alors que nombreux experts suggéraient une retraite à la carte dont le montant dépendrait des années de cotisation. Il veut inclure dans le calcul des points la pénibilité de la tâche. Il maintient le principe du rachat des cotisations qui n'ont pu être payées par l'actif pour des raisons diverses (séjours à l'étranger, année sabbatique...).
Ayant ainsi établi la structure d'un système qui contient des garanties formelles, le gouvernement prévoit enfin que tout citoyen a le droit de se constituer une retraite complémentaire par une épargne qui sera sans doute défiscalisée.
Pourquoi FO et la CGT s'opposent-ils à un plan aussi conciliant et aussi conforme à la tradition française de redistribution des revenus ? Uniquement parce qu'elles défendent leurs adhérents fonctionnaires. Loin de se livrer auprès d'eux à une pédagogie indispensable et de tenter, de cette manière, de les rallier aux propositions gouvernementales, elles feront une demi-douzaine de grandes grèves avant que la réforme ne soit adoptée par le Parlement.
Mais la réforme est juste. Elle est même assez généreuse pour que l'on se demande si la France peut se l'offrir et si, pour verser des pensions améliorées, on ne devrait pas aussi envisager une diminution des effectifs pléthoriques de la Fonction publique.
La réforme des retraites retarde celle du système de soins. La CFDT a accepté de négocier avec le gouvernement sur la base de son projet, mais elle serait très hostile à une refonte du système des soins qui imputerait aux patients une partie de la dépense. M. Raffarin a donc besoin d'un syndicat plus ouvert que les deux autres en matière de retraites et le seul moyen, pour lui, d'aboutir à ces deux grandes réformes, c'est de les traiter successivement.

R. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7309