Thérapie cellulaire à visée cardio-vasculaire

Surtout des voies de recherche

Publié le 04/03/2009
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Une option pour lutter contre le vieillissement

La thérapie cellulaire ouvre des perspectives inédites pour faire face au vieillissement. Alors que les médicaments classiques ne font que pallier les conséquences délétères d’un dysfonctionnement d’organe, cette technique vise à restaurer la fonction d’un tissu en le régénérant via la production de nouvelles cellules. Néanmoins, l’approche renvoie la communauté scientifique à de nombreux questionnements. Des confusions viennent de ce qu’un seul terme désigne des variétés différentes de cellules : cellules souches embryonnaires pluripotentes, cellules souches fœtales et adultes, cellules pluripotentes adultes issues de la reprogrammation de cellules somatiques. Ce d’autant que l’utilisation des cellules souches embryonnaires, la plus prometteuse en théorie, reste controversée pour des raisons éthiques. De longues années de recherche fondamentale s’avèrent encore nécessaires.

Après les déceptions, les espoirs

La thérapie cellulaire en cardiologie a visé jusqu’à présent à restaurer la fonctionnalité de territoires myocardiques devenus akinétiques à la suite d’un infarctus. Dans les premiers essais, les chercheurs ont évalué deux types de cellules : les cellules musculaires squelettiques en cas de dysfonction ventriculaire gauche ischémique sévère et les cellules médullaires dans les infarctus au stade aigu. Les résultats ont été très décevants. Ces deux types de cellules greffées, en l’absence de couplage électrique avec les myocytes du receveur pour une contraction tissulaire synchrone, ne favorisaient pas de véritable régénération cardiaque. Les cellules souches embryonnaires, qui peuvent se différencier en véritables cardiomyocytes, ouvrent des pistes pour la régénération du myocarde.

Le cordon ombilical comme source alternative de cellules souches

Les cellules souches issues de sang de cordon (UC-MSC) obtenues après amplification en culture sont stables au niveau de l’expression d’antigènes de surface spécifiques, des capacités d’adhérence et de différenciation multipotente. Les UC-MSC présentent des propriétés comparables à celles des cellules souches d’origine médullaire : auto-régénération, potentiel de différenciation, stabilité génétique, hypoimmunogénicité... La transplantation de cellules de sang de cordon a déjà montré des bénéfices chez l’homme dans la cirrhose, certaines maladies auto-immunes et la maladie du greffon contre l’hôte après greffe de moelle pour leucémie. Ces données encourageantes incitent à poursuivre la voie des UC-MSC en thérapie cellulaire et ouvrent également des perspectives en médecine régénérative avec les banques de sang de cordon.

Angiogénèse

Plusieurs essais cliniques ont évalué l’angiogénèse par implantation de cellules mononucléées autologues dans des ischémies critiques de membre inférieur. Plus de 700 patients à travers le monde, dont une quarantaine en France, ont été inclus dans des essais non contrôlés, le plus souvent. À ce titre, les résultats de l’étude française randomisée BALI sont très attendus.

De récents travaux ont ainsi mis en évidence l’existence de précurseurs circulants des cellules endothéliales (PEC) dans le sang périphérique chez l’homme adulte. En raison de leur tropisme pour les sites de néoangiogénèse, ces cellules pourraient être utilisées pour favoriser la vascularisation d’un greffon. Si ces précurseurs sont en nombre très limité dans le sang circulant, ils sont beaucoup plus nombreux dans le sang de cordon, qui peut facilement être mis en culture. Autre voie de recherche : la réalisation de néo-vaisseaux dans des incubateurs particuliers pour pallier l’absence de matériel veineux pour des pontages distaux.

Communications de l’Académie nationale de Médecine des Prs Laure Coulombel, Georges Uzan, Zhang Chao Han, Joseph Emmerich et Philippe Ménasché, 3 mars 2009.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr