Malades chroniques : le droit aux vacances

Transplantés : prévoir, plus que prévenir, les complications

Publié le 02/04/2003
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Le temps de la médecine

« Le transplanté de foie, rein ou cœur, surtout lorsque la greffe remonte à plus d'un an, peut mener une vie "normale" , notamment en vacances. C'est uniquement lorsque survient un problème de santé qu'il doit se souvenir de son statut de transplanté » : en quelques mots, le Pr François-René Pruvot (CHRU de Lille) situe parfaitement le sujet.
Le greffé, lorsqu'il part en vacances, doit simplement prévoir la prise en charge d'un risque éventuel pour sa santé. Mais la phobie d'une infection n'est pas de mise.
En pratique, il est possible pour le transplanté, comme pour tout un chacun, de contracter un simple rhume ou une infection parfaitement banale, d'être victime d'un accident. Une consultation médicale est alors indispensable. Au patient de fournir au praticien tous les documents nécessaires à sa sécurité et qu'il emporte sur lui. Ils permettent au médecin consulté de prendre contact avec le centre de transplantation qui suit et connaît son greffé. Une attitude spécifique, des conseils précis sur la conduite à tenir peuvent alors être fournis.
Si le risque infectieux est majoré par le traitement immunosuppresseur, ces molécules imposent aussi certaines précautions en matière de prescription. Notamment avant d'inscrire sur l'ordonnance une quinolone, un inhibiteur de la pompe à protons, un pansement gastrique.
Les vacances, c'est aussi le soleil, la mer, les randonnées, le sport. Là encore, le transplanté peut en profiter comme les autres. A un détail près, un risque de cancer cutané consécutif aux expositions solaires majoré par le traitement. Le Pr Pruvot rapporte 10 % de cancers basocellulaires au sein de la population de greffés de son service... dans le Nord. Plus bénignes, des réactions cutanées sont possibles, du type érythèmes ou bulles. D'où des conseils de prévention et d'utilisation d'écrans solaires de type total.

La détente, pas la compétition

Les baignades ne posent pas de problème, pas plus que les randonnées. Dans cette dernière situation, l'éloignement d'une pharmacie ou d'un médecin pendant plusieurs jours justifie d'emporter suffisamment de médicaments. Quant aux sports, pratiqués ici dans un esprit de détente et non de compétition, ils sont en majorité autorisés. L'exercice sportif à contact physique marqué (football, rugby, handball...), les sports de combat et la plongée sous-marine sont néanmoins déconseillés. Un avis médical avant le départ en vacances reste malgré tout souhaitable et doit être assorti notamment d'une évaluation de la résistance à l'effort.

Une assistance médicale

Enfin, en cas de départ à l'étranger, des détails pratiques peuvent prendre leur importance, comme les formulaires E 111 ou 112, de prise en charge des soins ; une assistance médicale assurant le rapatriement et tous traitements classiques avant séjour hors des frontières, notamment en zone intertropicales (vaccins à jour, antipaludéens, désinfectants, antidiarrhéiques, antibiotiques...). En cas de départ en avion, il est recommandé au patient d'avoir ses médicaments sur lui et, s'il existe un décalage horaire, de prendre son traitement aux horaires habituels, après s'être calé sur l'heure du pays de destination.
Le Pr Pruvot conclut ses propos sur un conseil : « Toujours consulter son médecin transplanteur, environ un mois avant le départ, afin de s'assurer de l'absence de contre-indication. Par précaution, nous donnons parfois les coordonnées d'un centre dans la région de villégiature, pour la France. Pour des séjours longs, nous avons déjà proposé une consultation systématique sur place. Le contact avec le centre de référence reste bien sûr la prudence. »

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7308