Les tests tuberculiniques cutanés, réalisés dans le cadre du dépistage des cas de tuberculose asymptomatique, pourraient bientôt être concurrencés par une nouvelle méthode se fondant sur l'analyse immuno-enzymatique des lymphocytes T présents dans le sang des individus ayant été exposé à Mycobacterium tuberculosis. Ce nouveau test semble en effet plus sensible et plus spécifique que les méthodes couramment utilisées jusqu'à présent.
Il y a deux ans, Ajit Laivani et ses collaborateurs (université d'Oxford) ont développé une méthode alternative permettant de détecter chez des sujets asymptomatiques la présence d'antigènes spécifiques à M. tuberculosis, absents de la souche utilisée pour la production du BCG ( M. bovis) et de la majorité des mycobactéries environnementales. Le test britannique se fonde sur la technique ELISPOT (Enzyme-LInked immunoSPOT), dérivant elle-même des tests ELISA. Il permet, à partir d'une simple prise de sang, de quantifier les lymphocytes T dirigés contre des antigènes du bacille de Koch (« le Quotidien » du 21 juin 2001).
Epidémie dans une école anglaise
La survenue d'une importante épidémie de tuberculose dans une école anglaise a permis à Laivani et à son équipe d'utiliser son test sur un effectif important de sujets susceptibles d'être des porteurs asymptomatiques de la tuberculose.
A la suite du diagnostic d'un cas de tuberculose active dans cette école, les autorités sanitaires britanniques ont pratiqué un dépistage systématique des élèves en utilisant un test cutané transdermique. Parallèlement, Laivani et coll. ont prélevé quelques millilitres de sang à 550 élèves acceptant de participer à l'étude. Ces élèves ont été classés dans différentes catégories d'exposition au bacille en fonction du nombre d'heures de cours qu'ils avaient partagé avec le cas princeps au cours des neufs mois précédents.
Les résultats des deux tests étaient concordants dans 89 % des cas. Parmi les 128 élèves considérés comme porteurs asymptomatiques d'après le test cutané, seuls 97 (76 %) étaient positifs avec le test ELISPOT. Ces 97 enfants étaient très réactifs au test cutané et avaient été très exposés au cas princeps.
Quel que soit le test utilisé, il est apparu que les chances d'avoir un test positif augmentaient avec le degré d'exposition au cas princeps. Cependant, cette corrélation est significativement plus forte quand le test ELISPOT est utilisé.
Par ailleurs, alors qu'aucune corrélation ne peut être faite entre le lieu de naissance des enfants et le résultat du test ELISPOT, les élèves qui sont nés dans les pays où l'exposition environnementale à des mycobactéries est importante ont de plus grandes chances d'avoir un test cutané positif. De même, les chances d'être positif au test cutané augmentent chez les enfants vaccinés par le BCG alors que la vaccin ne modifie pas les résultats de la méthode ELISPOT.
En l'absence de méthode de référence permettant de diagnostiquer une infection latente par M. tuberculosis, la sensibilité et la spécificité des deux types de tests ne peuvent être quantifiées. Cependant, il est apparu au cours de cette étude que les deux méthodes ne sont pas équivalentes puisqu'un résultat différent est obtenu dans 11 % des cas. La méthode ELISPOT semble plus spécifique : une corrélation plus importante entre le degré d'exposition au bacille et le résultat du test est observé avec la stratégie ELISPOT. De plus, les résultats du test ELISPOT ne sont pas biaisés par une exposition préalable du sujet à M. bovis ou à d'autres mycobactéries.
Même si cette nouvelle stratégie paraît plus coûteuse que les tests traditionnels, en diminuant le nombre de faux positifs et par conséquents le nombre de chimioprophylaxies inutiles, le dépistage de la tuberculose asymptomatique par ELISPOT pourrait être rentable à long terme.
K. Ewer et coll., « The Lancet » du 5 avril 2003, pp. 1168-1173.
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