Un anticorps dirigé contre le virus de la dengue s'est révélé également efficace pour protéger adultes et fœtus contre l'infection par le virus Zika, selon les résultats de travaux menés chez la souris, publiés dans « Nature Communication ».
À l’aide d'expériences menées sur des cultures cellulaires, Estefania Fernandez et Mickael Diamond (département de pathologie et d'immunologie de l'école universitaire de médecine de Washington) avaient démontré que les anticorps capables de reconnaître l'épitope DENV E, propre au virus de la dengue, ont une activité protectrice vis-à-vis de l'infection par le virus Zika. DENV E est en effet une protéine de surface du virus de la dengue, qui présente de nombreuses similarités avec la protéine de surface ZIKV E du virus Zika.
Dans cette nouvelle étude, ces mêmes chercheurs, associés à des collègues de l'Imperial College de Londres, ont évalué l'efficacité de l'anticorps monoclonal humain EDE1-B10 anti-dengue pour protéger le cerveau, les testicules, le placenta et des fœtus de souris gestantes. EDE1-B10 est une version modifiée de l'anticorps isolé lors des précédents travaux. Il a été modifié pour éviter un risque associé aux biothérapies dirigées contre le virus de la dengue : l'aggravation d'infections causées par des souches différentes de celle ciblée par l'anticorps.
Une protection qui dépend du délai
Une dose unique de cet anticorps a été injectée à des souris 1, 3 ou 5 jours après une infection par le virus Zika. Les auteurs ont constaté que la totalité des souris traitées à J1 et J3 ont survécu, de même que 40 % de celles traitées à J5, contre moins de 20 % des souris témoins non traitées. Le virus était également moins présent dans le cerveau et les testicules des souris traitées. Par ailleurs, le décompte spermatique était 16 à 100 fois plus important chez les souris traitées que chez les souris témoins, en fonction du délai entre l'infection et l'injection (1 à 3 jours).
Plus important encore : injecté chez des souris gestantes, l'anticorps diminuait la charge virale dans les tissus fœtaux, et prévenait le risque de mort fœtale (10 % de morts fœtales dans le groupe recevant l'anticorps monoclonal, contre 90 % dans le groupe contrôle). Au 13e jour de gestation, la quantité de virus est 600 000 fois plus faible dans le placenta et 4 900 fois plus faible dans les têtes des fœtus quand la mère a été traitée un jour début de l'infection. Si la souris gestante est traitée 3 jours après l'infection, la quantité de virus n'est divisée que par 19 dans la tête du fœtus et par 20 dans le placenta.
Injecter dès le début de la grossesse
Ces résultats suggèrent que EDE1-B10 ne protège efficacement le fœtus que s'il est injecté peu de temps après l'infection. Un cas de figure peu réaliste car les infections par le virus zika sont asymptomatiques et passent inaperçues.
Toutefois, « administrer l'anticorps dès la confirmation de la grossesse » pourrait temporairement protéger les fœtus des femmes enceintes vivant dans des zones où circule le virus Zika, tout en réduisant le risque d'infection par la dengue. Les chercheurs travaillent en ce moment sur la question de la dose d'anticorps à fournir aux femmes enceintes pour protéger le fœtus, et sur un moyen d'améliorer leur demi-vie dans la circulation sanguine.
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