Un gastro-entérologue nîmois spécialiste de l'obésité en garde à vue pour escroquerie et blessures involontaires

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Publié le 07/02/2018

C'est une histoire peu banale : un gastro-entérologue de Nîmes spécialisé dans le traitement de l'obésité est aujourd'hui accusé d'escroquerie, de tromperie aggravée, faux et usage de faux et de blessures involontaires. Ce spécialiste de 54 ans aurait opéré plusieurs centaines de patients en utilisant un protocole médical interdit dans cette indication. La CPAM estime son préjudice à près de 500 000 euros ! 

Selon nos informations, le praticien libéral aurait procédé à des injections d'acide hyaluronique dans l'estomac, opération pratiquée sous anesthésie générale au moins 515 fois entre 2011 et 2014, dans la clinique nîmoise où il exerce. Le médecin a été placé en garde à vue mardi 6 février et il devait être mis en examen ce mercredi soir. 

Éthique

« Cette pratique n'existe pas aujourd'hui, je ne connais pas le fond du dossier mais on ne peut pas mener ce genre d'expérimentations sans protocole, explique au « Quotidien » le Dr Jérôme Dargent, président de la Société française et francophone de chirurgie de l'obésité et des maladies métaboliques. Ce confrère n'a manifestement pas suivi les règles éthiques nécessaires à la réalisation d'une étude expérimentale. » 

Selon nos informations, c'est un signalement du CHU de Nîmes auprès de l'agence régionale de santé (ARS) qui a déclenché l'enquête des policiers de la sûreté départementale du Gard. À la suite d'une opération subie dans la polyclinique Grand Sud (*), un patient de ce médecin, se plaignant de complications, s'est rendu aux urgences du CHU en expliquant le contexte de sa visite. L'ARS aurait également été destinataires de plusieurs lettres anonymes. « Nous ne sommes pas face à un empoisonneur mais face à quelqu'un qui n'agissait pas dans les règles », déclare une source proche de l'enquête. 

Les actes réalisés sous endoscopie auraient été cotés et facturés comme tels afin d'être pris en charge en partie, par la Sécurité sociale. Le préjudice pour la CPAM pourrait atteindre 500 000 euros, à quoi s'ajoutent environ 150 000 euros de dépassements. Ayant eu connaissance de l'enquête à son sujet, le gastro-entérologue aurait stoppé ses injections. Mais la police de Nîmes recherche aujourd’hui d’autres malades qui auraient été opérés par ce médecin.

(*) Mise à jour (9 février 2018)
Dans un communiqué diffusé le 8 février, la polyclinique Grand Sud de NÎmes, où le praticien libéral mis en cause réalisait certains actes, précise que « les actes actuellement reprochés au gastro-entérologue, à supposer qu’ils soient établis, ont été commis à l’insu de l’établissement ». La direction insiste sur le fait que ses pratiques « sont conformes aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et ne sont pas assimilables à la situation évoquée ».

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : lequotidiendumedecin.fr