Gabriel Richet représentait la 4e génération d’une lignée illustre de médecins, tous professeurs à la faculté de médecine de Paris, dont son grand-père, Charles Richet, Prix Nobel 1913 pour la découverte de l’anaphylaxie.
Gabriel Richet avait 23 ans lorsque la deuxième guerre mondiale éclata. Il venait d’être reçu à l’internat des hôpitaux de Paris. Mobilisé, il participa à la campagne de France et fut cité à l’ordre de son régiment. Toute sa famille participa à la lutte contre l’occupant. Son père, Charles Richet fut déporté à Dachau, son frère Olivier à Dora et sa cousine, Jacqueline Richet-Souchère à Ravensbrück. Sa mère, Marthe, fut emprisonnée à Fresnes. Gabriel Richet s’engagea dès la libération dans l’armée du général Leclerc qui libéra Strasbourg en novembre 1944. Début 1945, les combats continuèrent dans la poche de Colmar. Gabriel Richet y participa comme médecin des commandos. Il fut blessé, cité 3 fois à l’ordre de l’Armée et décoré de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle en avril 1945.
Démobilisé, Gabriel Richet rejoignit le service de Louis Pasteur Valléry Radot où il rencontra Jean Hamburger qu’il suivit à l’hôpital Necker pour créer en 1950 le premier service français de néphrologie. Il fut avec ce dernier un des reconstructeurs de la médecine française d’après-guerre. Il introduisit le traitement de l’insuffisance rénale aiguë par le rein artificiel transformant le pronostic des septicémies postabortum et des syndromes d’écrasement. Il participa à tous les travaux qui firent la renommée mondiale du service de néphrologie : l’allogreffe rénale entre mère et fils en 1952, le démembrement des néphropathies glomérulaires par la biopsie rénale, l’introduction de la microscopie électronique, la démonstration que la mortalité de l’insuffisance rénale chronique terminale dépendait des troubles hydro-électrolytiques et non de l’urémie. Dès 1955, il conceptualisa avec Jean Hamburger et Jean Crosnier la notion de réanimation médicale.
Après Necker, ce fut Tenon où Gabriel Richet créa un centre international de néphrologie clinique et de recherches. Il y resta de 1961 à sa retraite en 1985. Son premier souci fut de réunir une équipe avec Claude Amiel, Raymond Ardaillou et Liliane Morel-Maroger auxquels s’adjoignirent plus tard Françoise Mignon, Jean-Daniel Sraer, Pierre Verroust, Pierre Ronco, Éric Rondeau et bien d’autres encore. Il fut aidé dans ses efforts par l’AP-HP, l’INSERM, l’université, l’association Claude Bernard et le CNRS. Son objectif était de faire de la néphrologie de Tenon un « foyer intellectuel », où furent formés de nombreux néphrologues français et étrangers qui font partie de son école, et accueillis des prestigieux universitaires étrangers. Gabriel Richet avait sa propre équipe de recherches, décrivant le premier une variété de cellules « sombres » rénales impliquées dans l’excrétion des acides. Il laissa toujours à ses élèves une grande liberté dans leurs sujets de recherches et se réjouissait de les voir acquérir une reconnaissance internationale.
Gabriel Richet est considéré un géant de la néphrologie mondiale. Il fut un membre fondateur de la société internationale de néphrologie qu’il présida de 1981 à 1984, et secrétaire général du premier congrès mondial de néphrologie à Genève et Évian en 1960. Parmi de nombreuses récompenses et Doctorats Honoris Causa, il fut le lauréat du prestigieux prix Jean Hamburger de cette même société en 1993. Il est Grand Officier de la Légion d’Honneur.
À sa retraite, Gabriel Richet laissa en héritage deux services de néphrologie, un service d’explorations fonctionnelles, une unité INSERM, sans compter tous les services de néphrologie dirigés par ses élèves en France et à l’étranger. À Tenon, l’outil forgé, les néphrologues qui y travaillent, l’esprit alliant clinique et recherche qui y règne, portent la marque de Gabriel Richet sur la néphrologie dont il a été un des créateurs.
**, **** Membres de l’académie nationale de médecine
*** Chef du service d’urgences néphrologiques et transplantation rénale, hôpital Tenon
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