Entretien avec le Pr PHILIPPE ZAOUI*
COMMENT assurer un dépistage et un suivi optimal des maladies rénales chroniques chez l’adulte ? Cette préoccupation est au cœur d’un guide « Parcours de soins » publié en février 2 012 par la Haute autorité de santé (HAS). « Ce document qui se veut très pratique n’est pas destiné aux néphrologues mais principalement aux médecins généralistes qui ont forcément un rôle important à jouer dans le parcours de soins des patients atteints de pathologies rénales chroniques car plus de la moitié de ces patients subissent les conséquences rénales de l’HTA et du diabète de type 2 et sont suivis majoritairement en soins de ville », explique le Pr Philippe Zaoui, membre du groupe de travail qui a élaboré ce guide. Composé de 15 membres, ce groupe de travail comprenait deux néphrologues : le Pr Zaoui et le Pr Maurice Laville (hospices civils de Lyon). Centré sur la prise en charge usuelle d’un malade adulte, le guide a d’abord pour objectif « d’expliciter le processus de prise en charge d’un patient ayant une maladie rénale chronique en soins de ville et notamment en médecine générale. Le but est de donner un certain nombre d’outils aux généralistes notamment pour identifier les patients à risques parmi ceux souffrants de diabète, d’HTA, de pathologie cardiovasculaire athéromateuse, d’insuffisance cardiaque, d’obésité (IMC›30 kg/m2), d’affections urologiques (...) et favoriser une prise en charge précoce en lien, quand cela est nécessaire, avec un néphrologue », indique le Pr Zaoui. Le guide recommande aux généralistes de faire pratiquer, chez ces patients, une fois par an, un dosage de la créatinine et un dosage de l’albuminurie trop souvent négligés car leur interprétation et les mesures à prendre sur le plan concret restent encore mal connues. En cas de signes d’atteinte rénale, le généraliste est invité à identifier les situations nécessitant une prise en charge néphrologique immédiate ou, sinon, à répéter les dosages dans les 3 mois qui suivent un résultat positif. Le guide précise qu’il faut référer au néphrologue en cas de doute sur la nature de la maladie rénale ou de nécessité d’examens spécialisés pour le diagnostic étiologique. « Avant sa finalisation, ce document a suscité un débat avec plusieurs néphrologues qui étaient dans le groupe de relecture. Ces confrères soulignaient la nécessité d’associer plus étroitement les néphrologues au travail du généraliste. Ils faisaient valoir que le risque, sinon, serait de voir arriver trop tardivement des patients relevant d’une prise en charge plus pointue. C’est un débat légitime. Notre volonté n’était évidemment pas que les généralistes assument les missions des néphrologues mais d’optimiser les prises en charge. Il n’est pas possible que les néphrologues voient tous les patients atteints de maladie rénale chronique mais il n’est pas non plus acceptable que 38 % des prises en charge par les néphrologues se fassent dans un contexte d’urgence », explique le Pr Zaoui, en précisant que les observations de ces confrères relecteurs ont été prises en compte. « Au final, le guide a reçu une validation générale », ajoute-t-il.
*Responsable de la clinique de néphrologie, dialyse, transplantation du CHU de Grenoble.
(1) guide téléchargeable sur www.has-sante.fr
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