Les liens entre hypertension artérielle et troubles de la mémoire sont bien connus, et font d’ailleurs partie des arguments utilisés pour convaincre les patients de suivre leur traitement. « Il existe deux grands types de causes aux troubles cognitifs majeurs (anciennement dénommés démences), a rappelé le Pr Olivier Hanon. Les étiologies neurodégénératives et les étiologies vasculaires, en sachant que le plus souvent les troubles relèvent d'une étiologie mixte ». Parmi les causes vasculaires, ce sont les lésions des petits vaisseaux ou lacunes qui sont tout particulièrement responsables d’une augmentation du risque de troubles cognitifs majeurs. Mais les études récentes soulignent également le rôle délétère de l’HTA sur la survenue de plaques amyloïdes. Des travaux expérimentaux menés sur un modèle de souris Alzheimer rendues hypertendues, ont en effet montré que l’HTA accélère la formation des plaques (1). « Ainsi, l’HTA favorise la survenue de troubles cognitifs sévères par deux mécanismes, lésions vasculaires et formation des plaques », a souligné le Pr Hanon.
Une réduction du risque de démence avec la baisse des valeurs tensionnelles
Cliniquement, de nombreuses études ont mis en évidence l’association entre HTA et démence. On estime ainsi qu’un patient hypertendu de 50 ans a un risque de développer ultérieurement des troubles cognitifs majeurs multiplié par un facteur 2 à 4. La réduction des valeurs tensionnelles semble réduire ce risque, comme cela a été montré dans plusieurs études observationnelles puis dans des essais randomisés. En 2002, l’étude Syst-Eur fut la première à montrer les bénéfices d’un traitement antihypertenseur, qui permettait de prévenir 20 cas de démence pour 1 000 patients hypertendus traités pendant 5 ans. Des résultats allant dans le même sens ont été retrouvés dans l’étude HOPE, avec une baisse du risque de 41 % sous monothérapie antihypertensive vs placebo et dans l’étude PROGRESS, où la baisse du risque était de 20 % sous bithérapie antihypertensive versus placebo. « Mais certaines études ont été négatives, sans doute du fait d’une durée de suivi trop courte pour mettre en évidence une différence significative », a précisé le Pr Hanon. C’est notamment le cas de l’étude HYVET, qui a été arrêté après deux ans au lieu des quatre prévus et qui a donc manqué de puissance statistique pour démontrer un effet du traitement antihypertenseur sur le risque de démence. Ou plus récemment de l’étude SPRINT, qui a été interrompue après 2,8 ans de suivi de patients relativement jeunes, âgés de 68 ans en moyenne.
Si effet positif du traitement antihypertenseur il y a, existe-t-il des classes spécifiques ? « Le traitement par diurétiques s’accompagne d’une baisse du risque de 20 % dans une méta-analyse récente, des données comparables sont rapportées avec les bloqueurs du système rénine angiotensine et on attend les résultats d’une méta-analyse avec les inhibiteurs calciques », a indiqué le Pr Hanon, avant de souligner les difficultés rencontrées pour réaliser des études qui nécessitent un suivi à long terme. Une solution consiste à inclure dans les essais des patients à plus haut risque, qui présentent déjà des lésions de la substance blanche à l’IRM cérébrale, comme cela est fait dans le cadre de l’étude LEOPOLD qui est en cours.
La bonne nouvelle est qu’on assiste actuellement à une diminution de l’incidence des démences, qui pourrait être liée aux progrès de la prise en charge de l’HTA depuis 40 ans.
D’après la communication du Pr Olivier Hanon, hôpital Broca (Paris)
(1) Levy B et al. Hypertension. 2015 Jan;65(1):218-24
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