Une étude épidémiologique française

Un lien entre la FIV et une poussée de SEP

Publié le 13/06/2012
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Crédit photo : BSIP

ON SAIT depuis longtemps que les hormones sexuelles peuvent jouer un rôle important dans la SEP, en raison de leur interaction avec le système immunitaire. En témoignent : le sex ratio (prédominance féminine de la SEP), une augmentation du risque de poussées après une grossesse ou un accouchement, une réduction du risque à court terme sous contraception orale.

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de preuve que l’infertilité soit plus fréquente chez les femmes souffrant de SEP, mais on pouvait se poser des questions concernant l’usage des traitements hormonaux utilisés pour aborder l’infertilité. Il n’y avait jusqu’ici que des rapports de cas épars ayant simplement suggéré une augmentation du taux des récidives après une stimulation ovarienne ou une FIV. Trois séries de petite taille ont rapporté une aggravation du taux de récidives en relation avec un traitement de l’infertilité.

Pour argumenter cette notion, les membres du Club francophone de la sclérose en plaques ont conduit la première étude systématique des relations entre la FIV et le risque ultérieur de poussée de SEP.

Cette étude épidémiologique confirme les résultats préliminaires. Les chercheurs (Laure Michel, David-Axel Laplaud et coll.) ont mené leur investigation dans les banques de données de 13 CHU français, pour réunir des informations sur l’infertilité dans la SEP et les traitements utilisés avec leurs résultats.

Sur une période de 11 ans, il y a eu 32 dossiers de femmes, chez qui 70 FIV ont été réalisées, avec l’usage d’agonistes du GnRH dans 48 cas, et d’antagonistes du GnRH dans 19 cas.

Une augmentation significative du taux de rechute annualisé est observée au cours des trois mois qui ont suivi la FIV en comparant avec les 3 mois précédent la FIV et aussi en comparant avec une période témoin.

L’augmentation significative des poussées est associée, d’une part, aux agonistes GnRH (test Wilcox, p = 0,025) ainsi qu’aux échecs de la FIV (test de Wilcox p = 0,019).

La façon dont est conçue cette étude ne permet pas toutefois de dire si le traitement par FIV est susceptible de provoquer des rechutes supplémentaires ou bien de raccourcir le délai entre la FIV et la poussée suivante.

L’échec, un équivalent du postpartum.

L’échec de la FIV conduit à une réduction en hormones sexuelles, qui peut être comparée à celle du post-partum. Ce qui peut expliquer un résultat de l’étude. Par ailleurs, les agonistes et antagonistes de la GnRH sont connus pour avoir un effet sur le système immunitaire.

Enfin, le stress inhérent aux contexte de la FIV est un facteur supplémentaire que l’on peut prendre en compte dans la survenue des rechutes. Un débat existe à ce sujet et différentes études semblent indiquer une exacerbation de la SEP sous l’effet du stress.

Quoiqu’il en soit, la taille limitée de la cohorte empêche de tirer des conclusions définitives.

J Neurol Neurosurg Psychiatry (11/06/2012). Doi : 10.1136/jnnp-2012-302235

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9141