Un marqueur urinaire de la sévérité des pancréatites aiguës

Publié le 03/01/2001
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D ISPOSER d'un marqueur précoce de gravité d'une pancréatite aiguë est un objectif important car, en l'absence de prise en charge adaptée, la moitié des patients souffrant de formes graves (de 20 à 30 % des pancréatites) évolue vers le décès dans les premiers jours de la maladie.

Actuellement, la gravité de la pancréatite est évaluée par un score clinico-biologique (APACHE II) constitué de douze paramètres, difficile à réaliser de façon systématique de par sa lourdeur. La présence d'une CRP élevée a, quant à elle, une excellente spécificité, mais une sensibilité et une valeur prédictive positive pratiquement nulles.
L'équipe du Dr Neoptolemos de Liverpool a évalué dans une étude prospective croisée, l'intérêt du dosage d'une nouvelle variable biologique : la mesure urinaire du peptide d'activation du trypsinogène (uTPA) chez des patients souffrant d'une pancréatite aiguë. Cette variable est un reflet de la transformation du trypsinogène en trypsine. Au total, 246 personnes ont été inclues dans l'étude : 172 patients atteints de pancréatite aiguë dont 35 avec une forme sévère et 74 sujets contrôles. Les mesures initiales de l'uTPA et de la CRP ont été comparées aux trois scores de classification de la pancréatite les plus utilisés (APACHE II, Ranson, Glasgow) mesurés durant les premiers jours d'hospitalisation.

Une estimation du risque dès la 24e heure

A 24 heures, l'uTPA était de 37 nmol/l pour les formes graves contre 15 nmol/l pour les formes modérées alors que les valeurs de la CRP étaient identiques dans les deux groupes (24-25 mg/l). En revanche, à 48 heures, une différence de valeur de CRP est apparue en fonction de la gravité des patients. Si l'on considère qu'un bon marqueur pronostic doit avoir une forte valeur prédictive négative, le uTPA est supérieur à la CRP (86 % vs 75 %) d'où l'intérêt de rajouter systématiquement cette mesure dans les mesures biologiques du malade.
Néanmoins, si l'on s'intéresse non plus à la valeur prédictive négative du peptide urinaire mais à sa valeur positive, l'uTPA est plus un marqueur diagnostique que prédictif car sa valeur prédictive positive est inférieure à 40 %. Dans ce contexte, certains experts proposent de développer des marqueurs qui permettraient de quantifier l'équilibre entre les réponses pro-inflammatoires et anti-inflammatoires systémiques qui donnerait une bien meilleure valeur prédictive de l'évolution de la pancréatite que les mesures isolées de la CRP et de l'uTPA.

Dr Catherine DESMOULINS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828