Les phobies pathologiques sont des troubles anxieux caractérisés par une peur intense, permanente et irrationnelle d’un objet ou d’une situation spécifique, menant à l’évitement de cet objet ou situation. La conscience du caractère excessif de cette peur s’accroît avec l’âge et n’est donc pas nécessaire au diagnostic chez l’enfant.
Il faut les distinguer des peurs ordinaires de l’enfance, qui varient et évoluent en fonction de l’âge et constituent des étapes du développement psychique normal d’un enfant.
La prévalence varie, selon les études, entre 5 % en population générale et 15 % en population clinique, avec une prédominance féminine.
Il existe des différences dans la caractérisation des troubles phobiques de l’enfant en fonction des systèmes nosographiques (DSM-5, CIM-10 et CFTMEA-R-2012). Les symptômes évoluent en fonction de l’âge, mais certaines caractéristiques communes peuvent être décrites : manifestations neurovégétatives liées à l’anxiété, conduites d’évitement, demande de réassurance, objet contraphobique…
Modèles étiopathogéniques
Les théories explicatives sont nombreuses et diffèrent selon le champ théorique de référence : psychanalyse, approche cognitivocomportementale, point de vue phylogénétique et évolutionniste, modèles génétiques et neurophysiologiques…
Les auteurs s’accordent aujourd’hui pour éviter les modèles explicatifs susceptibles de culpabiliser inutilement les parents.
En termes d’évolution, il convient de distinguer :
- les phobies non graves, qui ont tendance à s’atténuer voire à disparaître avec l’âge ;
- les phobies plus invalidantes : elles ont tendance à perdurer voire à s’aggraver, à envahir l’enfant et son environnement familial ; elles peuvent évoluer à l’âge adulte vers une organisation davantage fixée, avec de potentielles comorbidités et répercussions sociales.
Traitement spécialisé
Les manifestations phobiques invalidantes nécessitent une intervention spécialisée articulée autour d’un projet de soin individualisé et multidimensionnel.
Les thérapies cognitivocomportementales ont démontré leur efficacité sur la réduction voire la disparition des symptômes.
Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique sont encore très utilisées en France.
L’implication et le soutien de la famille sont fondamentaux.
Les traitements médicamenteux ne doivent pas être utilisés en première intention. En cas de formes sévères et résistantes, un traitement de fond par IRS peut être associé à la psychothérapie.
Hazane F, Raynaud JP. Phobies de l’enfant. In Danon-Grilliat AD, Bursztejn C. Psychiatrie de l’enfant. Paris : Lavoisier 2011,243-246
Rapee RM. Troubles anxieux chez l’enfant et l’adolescent. In Rey JM (ed), IACAPAP e-Textbook of Child and Adolescent Mental Health. Geneva: International Association for Child and Adolescent Psychiatry and Allied Professions 2012, F1, 1-20.
Accessible en ligne : http://iacapap.org/wp-content/uploads/F.1-ANXIETY-DISORDERS-FRENCH.pdf
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