Un vitiligo transféré par une allogreffe de moelle

Publié le 03/01/2001
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D ES observations antérieures ont montré qu'une allogreffe de moelle pouvait transférer chez le receveur une maladie auto-immune du donneur : c'est le cas pour la thyroïdite auto-immune, la cytopénie immunologique, le diabète insulinodépendant, l'insuffisance polyendocrinienne auto-immune.

Le nouveau cas relaté par « The Lancet » (15 avril 2000) est celui d'un homme âge de 50 ans qui, à l'occasion d'une rechute d'un lymphome non hodgkinien, est greffé en mai 1975 avec la moelle HLA identique de sa sœur après traitement myéloablatif à base de BCNU, de cyclophosphamide et d'étoposide. La soeur présente un vitiligo sur le dos, la poitrine, les avant-bras et les mains depuis 1990.
Après la greffe un traitement immunosuppresseur est administré en prévention d'une réaction de greffon contre l'hôte. Trois mois après l'arrêt de la ciclosporine, on constate une augmentation des enzymes hépatiques, une hyperbilirubinémie et, simultanément, apparaissent de multiples macules dépigmentées au niveau des mains et des pieds.
La progression des lésions fait réaliser une biopsie qui confirme une disparition complète des mélanocytes, résultat compatible avec le diagnostic de vitiligo.
L'instauration du traitement corticoïde normalise les enzymes hépatiques mais le vitiligo progresse.
Le vitiligo est une dermatose hypopigmentaire, caractérisée par une destruction des mélanocytes épidermiques, qui semble être d'origine auto-immune. Les auteurs estiment que le vitiligo a été induit par la greffe (transfert d'un clone de cellules souches). De fait la sœur présentait un vitiligo depuis 5 ans au moment de la greffe alors que le receveur était indemne. La PCR a montré à plusieurs reprises que toutes les cellules mononuclées périphériques du receveur provenaient de la donneuse. Sur la base de ces résultats, les auteurs suggèrent que les maladies auto-immunes sont liées à des troubles des cellules souches, ce qui confirmerait l'origine auto-immune du vitiligo.

Pierre CONSTANT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828