Épilepsie et troubles psychiatriques

Une comorbidité non négligeable

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Publié le 22/02/2018
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epilepsie

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Crédit photo : phanie

Il reste bien difficile de dresser un portrait épidémiologique fidèle en l'absence de psychiatre dans les services de neurologie.

Près d'un patient sur trois et des intrications complexes

Néanmoins, en moyenne on rencontre 40% d'épilepsie en psychiatrie. Et chez les épileptiques la prévalence en vie entière des troubles psychiatriques est de l'ordre de 60% et passe même à 80% chez les épileptiques pharmaco-résistants. Bref la comorbidité est majeure.

"Quant aux intrications elles sont complexes. On ne peut pas se restreindre à une approche psychosociale. Les patients ne sont pas déprimés uniquement parce qu'ils ne peuvent pour certains plus conduire, travailler..."souligne C Hingray.

Il y a en réalité une occurrence temporelle entre crise épileptique et trouble psychiatrique. D'ailleurs les troubles impactent le risque de récurrence d'épilepsie (majoré) et le pronostic postchirurgie (dégradé). On a en outre une influence bi-directionnelle des traitements. Certains antiépileptiques impactent le risque de troubles avec en particulier des effets psychotropes négatifs. Quand certains antiépileptiques, l'électroconvulsivothérapie .. sont utilisés en psychiatrie. Bref le panorama est complexe. Sans compter qu'il y a probablement un lien causal (la répétition des crises majorant le risque) et comorbide avec un organe, une cause, deux types de conséquences/pathologies. Soit au total une interrelation entre des facteurs physiopathologiques, pathologies psychiatriques et pathologies épileptiques.

Impact bidirectionnel et inégalité des traitements

De nombreux antiépileptiques ont des effets psychotropes positifs utilisés en psychiatrie. Ces indications psychiatriques sont utiles à connaître pour guider le traitement des épileptiques présentant des troubles psychiatriques. A contrario, les effets psychotropes négatifs des antiépileptiques sont possibles mais pas certains. De ce côté, le clinicien s'appuie donc essentiellement sur son expérience clinique.

Mais globalement les antiépileptiques à manier avec prudence sur le plan psychiatrique sont essentiellement : - la tiabagine (Gabitril) : syndrome dépressif, trouble psychotiques, état de mal stuporeux non épileptique, - le clobazam (Urbanyl) et clonazepam (Rivotril) : réaction paradoxale de troubles du comportement, aggravation dépressive, risque de dépendance; - le vigabatrin (Sabril) : effets dépressif et pro-psychotique et - la phénytoïne et le phénobarbital : sédatifs et dépressiogènes. Quand de l'autre côté les épileptiques présentant un intérêt psychiatrique sont : - l'acide valproique (Depakine) et la carbamazépine (Tégrétol) dans les troubles de l humeur; -la lamotrigine (Lamictal) dans la dépression;- la prégabaline (Lyrica) dans les troubles anxieux généralisés; -l'eslicarbazépine (Zebinix) dans la dépression et - le clobazam (Urbanyl ) dans l'anxiété.

D'après la présentation du Dr Coraline Hingray (psychiatre, CHU de Nancy), Rencontres de Neurologies, Paris

Pascale Solere

Source : Bilan Spécialiste