Cardiopathies congénitales et insuffisance cardiaque

Une fenêtre thérapeutique pour la régénération cardiaque chez le bébé

Publié le 02/04/2015
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Les cardiopathies congénitales touchent environ 1 % des naissances vivantes

Les cardiopathies congénitales touchent environ 1 % des naissances vivantes
Crédit photo : PHANIE

« Nos résultats indiquent une nouvelle stratégie pour traiter et prévenir le développement de l’insuffisance cardiaque chez les patients pédiatriques. Nous montrons en outre que la prolifération des cellules du muscle cardiaque est anormale chez les bébés ayant une maladie cardiaque », explique le Dr Kuhn (Boston Children’s Hospital, Etats-Unis). Si la chirurgie correctrice permet aux jeunes enfants de survivre à la plupart des malformations cardiaques congénitales, ils ont néanmoins un risque de développer une insuffisance cardiaque chronique. Or les traitements mis au point pour les insuffisants cardiaques adultes se sont avérés inefficaces dans les essais cliniques pédiatriques.

Une étude, dirigée par le Dr Bernhard Kuhn (Children’s Hospital a Boston) et publiée dans la revue « Science Translational Medicine », identifie une nouvelle stratégie thérapeutique qui pourrait favoriser la régénération myocardique chez les nourrissons affectés de cardiopathie congénitale.

Facteur de croissance

Cette stratégie repose sur la neuréguline-1, un facteur de croissance connu pour stimuler le développement cardiaque et limiter la lésion après infarctus du myocarde ; sa forme recombinante (rNRG1) est évaluée dans des essais cliniques chez l’adulte pour traiter l’insuffisance cardiaque.

Polizzotti et coll. ont étudié des souriceaux nouveau-nés chez lesquels une cryolésion cardiaque provoque une cicatrice, une dysfonction et une baisse de la prolifération des cardiomyoctes, une séquence souvent observée chez les jeunes enfants atteints de cardiopathie. Ils montrent que l’injection quotidienne précoce de rNRG1, pendant 34 jours après la naissance, stimule la prolifération des cardiomyocytes, améliore de façon durable la fonction cardiaque et prévient la formation des cicatrices transmurales ; par contraste, un traitement commencé 5 jours plus tard n’occasionne qu’une amélioration transitoire.

Avant la chirurgie

Les chercheurs ont ensuite étudié des cultures de myocarde provenant d’enfants affectés de diverses malformations cardiaques congénitales. Ils ont observé que le traitement par rNRG1 (3 jours) stimule la prolifération des cardiomyocytes dans le myocarde des enfants de moins de 6 mois, mais ceci n’est pas observé chez les enfants plus âgés.

Ces résultats identifient donc une fenêtre thérapeutique - les 6 premiers mois de la vie - durant laquelle l’administration de la rNRG1 pourrait induire une régénération cardiaque chez les enfants affectés de cardiopathie congénitale ; en outre, en raison d’un effet protecteur identifié, la rNRG1 pourrait être administrée avant la correction chirurgicale de la malformation cardiaque.

Science Translational Medicine, Polizzotti et coll., 1er avril 2015
Dr Véronique Nguyen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9400