Une méthode pour anticiper le début d'une maladie du greffon contre l'hôte

Publié le 07/04/2003
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Une équipe américaine vient de mettre en évidence que le début de la maladie du greffon contre l'hôte (MGCH) pouvait être corrélé avec l'expansion d'une population de lymphocytes T du donneur alloréactive, unique. Daniel Douek et coll. (National Institutes of Health, Bethesda, Maryland) proposent une méthode permettant de suivre l'évolution de cette population de cellules T alloréactives dans l'organisme du receveur afin d'anticiper les traitements visant à réduire la sévérité de la MGCH chez les malades greffés.

Cette étude a été menée sur un homme âge de 31 ans, atteint par une leucémie myéloïde aiguë réfractaire. Ce patient a pu recevoir une greffe de cellules souches sanguines données par son père. Le typage HLA du donneur et du receveur n'a montré qu'une seule incompatibilité, au niveau de HLA DR1.

Un clones de cellules T CD4

Avant la transplantation, Douek et coll. ont recherché dans le sang du donneur les clones de cellules T susceptibles de conduire à une MGCH. Pour cela, ils ont mélangé des cellules mononucléaires du sang du donneur avec des cellules du receveur. Après six jours d'incubation, 4,2 % des cellules du donneur exprimaient le marqueur d'activation CD25. Ces cellules ont pu être triées par cytométrie en flux et l'analyse de leur ADN par PCR a montré qu'il s'agissait d'un seul et même clone de cellules T CD4 alloréactives. La séquence de leur récepteur a pu être déterminée.
Le 52e jour suivant la transplantation, le malade greffé a commencé à développer des symptômes de MGCH (éruption maculopapulaires et fièvre). Des traitements adaptés ont permis de voir ces symptômes disparaître à J62, mais ils sont réapparus à J72 et se sont amplifiés au cours de la semaine suivante. L'état clinique du patient n'a cessé de s'aggraver et son décès est finalement survenu 108 jours après la greffe.
A l'aide d'amorces et de sondes spécifiques du clone de lymphocytes T identifié in vitro avant la transplantation, Douek et coll. ont pu quantifier par PCR le nombre de cellules alloréactives présentes dans le sang du patient durant la progression de la MGCH.
Il est apparu que cette population, absente chez le malade avant la greffe et représentant seulement 0,008 % des lymphocytes du donneur, s'est très rapidement multipliée dans le sang du malade. Au 14e jour après la transplantation, ces lymphocytes constituaient 86,7 % des cellules T CD4 du malade. Une augmentation très importante du nombre et de la proportion de ces cellules a pu être observée juste avant J52, date à laquelle la MGCH a débuté. A J69, juste avant que le deuxième épisode de MGCH ne survienne, les cellules T alloréactives représentaient 100 % des cellules T CD4 présentes dans le sang du malade. De plus, l'analyse d'une biopsie de peau réalisée à J78 a montré que les lymphocytes alloréactifs représentaient 42 % des cellules T CD4 infiltrant ce tissu.

Intervenir le plus vite possible

Il apparaît donc que l'expansion d'un clone unique de cellules T est corrélée avec l'apparition de la MGCH. Ce résultat suggère que cette population de lymphocytes est à l'origine de la maladie.
Les auteurs de cette étude proposent que leur méthode soit appliquée très rapidement en clinique de manière à pouvoir intervenir le plus rapidement possible, dès que ces cellules commencent à se multiplier, pour prévenir la sévérité des MGCH.

J. Michalek et coll., « The Lancet » du 5 avril 2003, pp. 1183-1186.

Elodie BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7311