Le risque de cancer du pancréas n’est pas plus élevé chez les patients sous incrétines que chez ceux prenant un autre traitement antidiabétique, d’après une étude cas-témoins danoise, présentée au congrès de la European association for the study of diabetes (EASD), qui se tient jusqu’au 18 septembre à Stockholm, en Suède. Les auteurs suggèrent en revanche que le diabète lui-même pourrait être un facteur de risque, indépendamment du traitement médicamenteux.
Risque infirmé par les autorités de santé
Dernière classe d’antidiabétiques, les incrétines sont des agonistes du récepteur au glucagon-like-peptide 1 (GLP-1) et des inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4), enzyme dégradant le GLP-1. Récemment, certaines études observationnelles ont suggéré un possible risque de pancréatite aiguë et de cancer du pancréas associés à la prise d’incrétines. Suite à une réévaluation de la littérature, les autorités sanitaires de plusieurs pays ont cependant conclu à une absence de preuves.
« En l’état actuel des connaissances et des données disponibles dans la littérature prises en compte par la FDA, l’EMA et l’ANSM, aucune preuve n’étaye à ce jour un lien entre les incrétines et la majoration du risque de pancréatite et de cancer du pancréas (ce qui avait notamment motivé la réévaluation) qui restent néanmoins des risques à surveiller », peut on lire dans un avis de 2014 de la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé.
Un risque augmenté avec tous les traitements antidiabétiques
Cet avis est donc renforcé par cette dernière étude cas-témoins danoise, dans laquelle les auteurs ont comparé 6 036 cas de cancer du pancréas, identifiés dans des bases de données médicales nationales, à 60 360 témoins du même âge, sexe et lieu de résidence.
En première analyse, il est effectivement apparu aux auteurs que les incrétines augmentaient le risque de cancer du pancréas par rapport aux contrôles.
Mais une analyse plus approfondie a montré que le risque de cancer du pancréas était en fait augmenté avec tous les antidiabétiques : les inhibiteurs de la DPP-4, les analogues du GLP-1, la metformine, les sulfonylurées et tout particulièrement l’insuline.
Les auteurs en concluent qu’il n’existe pas de lien de cause à effet entre la prise d’incrétines et le cancer du pancréas. Puisque l’effet est retrouvé avec d’autres classes d’antidiabétiques, avec des mécanismes d’actions différents, les chercheurs penchent plutôt pour l’hypothèse du diabète lui-même comme facteur de risque. À noter, des risques cardiovasculaires associés aux incrétines avaient également été signalés dans certaines études – risques démentis en début d’année 2015 dans la vaste étude ELIXA, présentée en juin au congrès de l’American Diabetes Association.
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