L'objectif national de dépenses maladie (ONDAM) est limité à 2,3 % l'an prochain contre +2,5 % en 2019. N'êtes-vous pas déçu par ce taux contraint ?
Dr OLIVIER VERAN : Pendant la campagne présidentielle, l'objectif de progression des dépenses maladie fixé par Emmanuel Macron était de 2,3 % par an sur le quinquennat. Ce n'est donc pas un revirement ! Même si ce budget est un peu plus contraint que l'an passé, on va injecter presque cinq milliards supplémentaires dans le système de santé.
L'année dernière, certes, il y a eu un coup de pouce exceptionnel qui a permis d'augmenter l'ONDAM à 2,5 % pour engager la transformation du système de santé. Si la progression pouvait être plus élevée que 2,3 %, je serais le premier à m'en réjouir, à la fois comme parlementaire et comme médecin. Je suis solidaire du gouvernement mais ça ne m'empêche pas de tirer la sonnette d'alarme.
La croissance autorisée sera de 2,4 % pour les soins de ville et 2,1 % pour l'hôpital. Pourquoi cet écart ?
Pour l'hôpital, avec un budget en progression de 2,1 % alors que les volumes d'activité n'augmentent que de 0,7 %, on peut espérer qu'il n'y aura pas de baisses de tarifs. Nous tablons sur une campagne tarifaire positive qui permettra aux établissements d'investir.
En médecine de ville, un taux de 2,4 % permet d'engager pas mal de choses en termes de virage ambulatoire, comme le financement des assistants médicaux ou des infirmières de pratique avancée. Nombre de mesures incitatives ne relèvent pas d'efforts budgétaires supplémentaires. Il est prévu d'améliorer le dispositif simplifié de déclaration et de paiement des cotisations et contributions sociales pour les médecins remplaçants. Le texte prévoit aussi la prise en charge totale pendant deux ans des cotisations sociales dues par un jeune médecin qui s'installe en zone sous-dense.
Le budget dégage seulement 500 millions d'euros pour la dépendance en 2020. Vous aviez proposé un plan plus massif en recourant à la CADES...
À ce stade, l'arbitrage ne m'a pas été favorable. 500 millions d'euros en 2020, ce n'est certes pas le grand soir de la dépendance mais c'est une première brique. Il ne faut pas oublier le congé rémunéré de proche aidant et la poursuite de la convergence tarifaire dans les EHPAD. Bien sûr, la grande réforme de la dépendance, qui sera annoncée par le Premier ministre, bénéficiera d'un financement beaucoup plus conséquent.
200 millions d'euros sont prévus pour répondre à la crise des urgences. Comment sera utilisée cette enveloppe ? Les libéraux en profiteront-ils ?
Agnès Buzyn a annoncé une enveloppe de 750 millions sur trois ans. Les 200 premiers millions programmés dans ce PLFSS vont permettre de lancer la création du service d'accès aux soins (SAS), d'amorcer la modernisation des services d'urgences et, potentiellement, de prévoir la rémunération des médecins libéraux pour les soins non programmés. À ce stade, je ne connais pas la ventilation de ces crédits. Je précise qu'il y aura des amendements pour réformer le financement des urgences présentés par mon collègue Thomas Mesnier.
MG France réclame un élargissement des horaires de permanence des soins (PDS-A) dès 18H et le samedi matin avec les tarifs majorés. Soutenez-vous cette demande ?
Non. Pour l'heure, la priorité est d'améliorer la continuité des soins en ambulatoire et d'étendre les plages horaires de consultation, notamment grâce aux CPTS. L'idée est d'abord d'investir pour renforcer l'accès des soins pour les malades.
Faut-il s'attendre à de nouveaux transferts de tâches aux paramédicaux ou aux pharmaciens ?
Ce n'est pas l'orientation que je prendrai en tant que rapporteur général. Mais s'il y a des amendements intéressants pour de nouveaux transferts de tâches, je les regarderai avec beaucoup d'attention.