CHAPITRE 2 : ANTIPALUDIQUES : UNE PRESCRIPTION ENCADRÉE

Publié le 24/06/2016
Article réservé aux abonnés

Une augmentation des cas de l’ordre de 9,6 % a été observée entre 2014 et 2015. Le non-respect des recommandations de prévention est à l'origine de la plupart d’entre eux. Les données sur l’évolution des chimiorésistances aux antipaludiques en 2015 sont sans particularité par rapport aux années antérieures. Aucune chimioprophylaxie ne garantissant à elle seule une protection totale, la protection anti-moustiques doit être associée.

Par ailleurs, aucun médicament n’étant toujours parfaitement toléré, il peut être envisagé, pour des séjours < 7 jours dans une zone à faible transmission et pour des personnes autonomes et bien informées, de ne pas recourir à une chimioprophylaxie. Mais à deux conditions : respecter scrupuleusement les règles de protection anti-moustique et être en mesure, durant les mois qui suivent le retour, de consulter en urgence en cas de fièvre, en signalant le voyage en zone impaludée.

→ Le choix d'une chimioprophylaxie doit donc tenir compte :

■ des zones visitées, selon les résistances aux médicaments antipaludiques. Les recommandations actualisées sont consultables sur le BEH ou sur le site de l'Institut Pasteur (http://www.pasteur.fr/fr/map) ;
■ de l'intensité de la transmission ;
■ des conditions, de la durée et de la période du séjour ;
■ de l'âge et du poids du voyageur ;
■ de ses antécédents pathologiques ;
■ d’une possible interaction avec d’autres médicaments ;
■ d'éventuelles contre-indications ou d’une précédente intolérance à un antipaludique;
■ d'une grossesse en cours ou envisagée ;
■ de l’évaluation de l’observance en fonction des modalités de prise ;
■ des capacités financières du voyageur (la chimioprophylaxie n’est pas remboursée et peut être onéreuse).

→ La prophylaxie doit être poursuivie après la sortie de la zone d’endémie pendant quatre semaines pour la chloroquine, 3 semaines pour la méfloquine, et une semaine pour l’atovaquone-proguanil.

→ Ces traitements doivent étre prescrits avant le départ : il faut dissuader le voyageur d'utiliser de sa propre initiative d’autres antipaludiques - non disponibles en  France mais aisément accessibles dans certains pays d’endémie - notamment les produits qui contiennent des dérivés de l’artémisinine, lesquels ne doivent pas être pris en monothérapie. Enfin, le traitement de réserve ne doit jamais être pris au retour en France sans diagnostic. De même, l'achat de spécialités hors de France (grand nombre de contrefaçons), ou sur Internet (produits dont ni l’origine, ni la composition ne sont garanties) sont hautement risqués.

→ Sur place, un traitement sans avis médical doit rester une exception imposée par l’impossibilité de prise en charge médicale dans les 12 heures suivant l'apparition de la fièvre.



Source : lequotidiendumedecin.fr