Une récente revue Cochrane a étudié les effets des produits issus du cannabis pour traiter les douleurs neuropathiques chroniques (1). Les bénéfices du cannabis dans cette indication étant régulièrement revendiqués par les patients. Cette initiative est bienvenue, puisqu’un récent rapport de l’Académie de médecine a évalué cette prévalence à 7 %. Cette douleur serait en rapport avec des maladies neurologiques (SEP, Parkinson, séquelles d’AVC, paraplégies spastiques…), des lésions nerveuses périphériques (cancer, diabète, séquelles chirurgicales…) ou certaines chimiothérapies anti-cancéreuses.
► Les auteurs de la Cochrane ont cherché à évaluer l’efficacité, la tolérance et la sécurité des traitements à base de cannabis (la plante, son dérivé ou composés synthétiques) par rapport aux médicaments conventionnels ou au placebo pour traiter la douleur neuropathique chronique de l'adulte. En novembre 2017, les essais contrôlés randomisés en double insu portant sur le cannabis médical, les produits dérivés du cannabis, les cannabinoïdes de synthèse ou tout autre traitement actif de la douleur neuropathique chronique chez l'adulte ont été recensés. Les essais de moins de 10 patients dans les bras traités et de moins de deux semaines ont été écartés.
► L’analyse a inclus 16 études avec 1 750 participants. Elles duraient de 2 à 26 semaines et comparaient un spray oral à base de tétrahydrocannabinol (THC) ou de cannabidiol (CBD) (10 études), un cannabinoïde de synthèse imitant le THC (nabilone) (deux études), du cannabis inhalé (deux études) et un dérivé du THC d'origine végétale (dronabinol) (deux études) contre un placebo (15 études) et un analgésique (dihydrocodéine) (une étude). Les auteurs précisent qu’ils ont utilisé l’échelle Cochrane du « risque de biais » pour pondérer la qualité des résultats des études.
► Sur les critères de jugement primaires, les thérapeutiques à base de cannabis peuvent augmenter de 21 % le nombre de personnes dont la douleur est soulagée de 50 % ou plus par rapport au placebo qui produit le même effet sur seulement 17 % des patients. Davantage de participants ont abandonné les études, en raison d'effets indésirables (EI) de médicaments à base de cannabis (10 %) par rapport au placebo (5 %). Les preuves ont manqué pour déterminer si ces médicaments augmentaient la fréquence des EI graves par rapport au placebo.
► Les auteurs concluent que l’efficacité des antalgiques à base de cannabis (herbe, dérivé à base de plantes ou THC synthétique, THC/CBD en spray) dans la douleur neuropathique chronique doit être pondérée par leurs effets néfastes potentiels. En effet, « la qualité des preuves sur le soulagement reflète l'exclusion des participants ayant déjà consommé de la drogue et porteurs d'autres comorbidités importantes, ainsi que la taille réduite des échantillons. »
Mücke M et al. Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, Issue 3. Art. No.: CD012182. DOI: 10.1002/14651858.CD012182.pub2
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